Qui aurait pu imaginer qu’une poignée d’interpellations d’éminents membres de la communauté libanaise de Côte d’Ivoire mènerait au démantèlement d’un vaste réseau d’acquisition frauduleuse de la nationalité et de trafic de passeports ? L
a rocambolesque affaire qui défraie depuis plusieurs mois la chronique à Abidjan débute en effet ainsi.
Courant mars, plusieurs homme d’affaires d’origine libanaise biens connus dans les milieux économiques ivoiriens sont appréhendés en possession de fausses plaques d’immatriculation diplomatiques.
Les semaines passent, les interpellations se succèdent et les cerveaux de l’arnaques passent aux aveux. Le trafic de faux documents que découvrent les enquêteurs est tentaculaire : fausses plaques diplomatiques, faux documents administratifs et donc fausse nationalité.
120 000 passeports frauduleux seraient concernés
Le réseau est tellement bien introduit que toutes les étapes d’une demande classique de passeport sont respectées. Mais il y a un hic : les candidats ne sont pour la plupart pas éligibles à la nationalité ivoirienne. Près de 120 000 passeports pourraient être concernés, mais les enquêteurs se concentrent sur 30 000 documents.
Après plusieurs semaines de recherche, 25 000 sont retrouvées. Ils concernent 10 000 Nigérians, 8 000 Syriens, des Libanais et des personnes d’autres nationalités, dont des Marocains.
L’enquête a entraîné une dizaine d’arrestations. Des acteurs du trafic comme des personnes soupçonnées d’avoir acquis la nationalité de manière frauduleuse.
Parmi elles figure une personnalité en vue à Abidjan : Abbas Badreddine, directeur général de Plastica, une entreprise qui a pignon sur rue dont le gouvernement utilise l’image pour les campagnes promotionnelles sur l’investissement en Côte d’Ivoire.