Une vague d’inquiétude s’empare des acteurs de l’économie ivoirienne ces dernières semaines. Et en premier lieu, des industriels des mines.
Après divers incidents survenus le mois dernier au niveau des deux principales centrales thermiques de production d’électricité, 400 mégawatts de capacité se sont envolés.
La centrale thermique d’Azito , opérée par le britannique Globeleq dans la commune de Yopougon, et celle de la Compagnie ivoirienne de production d’électricité (Ciprel) , conduite par Eranove, ont connu une importante avarie qui a entraîné une perte de puissance sur tout le réseau national.
800 mégawatts de déficit de production
De fait, la consommation d’électricité en Côte d’Ivoire augmente de 10 % chaque année et les perspectives de renforcement du réseau pour couvrir ces nouveaux besoins se font attendre.
En effet, au cours d’une réunion entre la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), la Société des énergies de Côte d’ivoire (CI-Énergies), la Direction générale de l’énergie (DGE) et les opérateurs privés affectés par la crise énergétique, qui s’est tenue mi-mai à Abidjan, les causes de la crise en cours ont été détaillées, ainsi que les mesures à prendre pour les atténuer.
Après les deux incidents d’avril, et un précédent intervenu déjà en janvier dernier, une perte totale de quelque 653 mégawatts sur l’ensemble de la production a été observée, soit 22 % de la puissance disponible.
Avec la hausse de la demande, le déficit total est donc estimé à 800 mégawatts.
Pourtant, le gouvernement a investi pas moins 10 milliards de dollars dans le secteur, de 2011 à 2023, faisant passer la puissance installée de 1 400 à 2 400 mégawatts.
Des projections remises en cause
Cette crise énergétique est la deuxième dans le pays après 2021. Même si celle-ci se joue sous silence, la situation affecte particulièrement le secteur privé. « Nous avons été saisis, depuis le 16 avril, pour nous déconnecter du réseau électrique.
Cela concerne une dizaine de mines d’or connectées sur le réseau », explique Jean-Claude Diplo, le président du Groupement des professionnels des mines de Côte d’ivoire (GPMCI), le patronat du secteur.
Depuis cette date, les miniers ont dû se rabattre sur leurs unités de production d’électricité de secours, qui fonctionnent au fuel, afin de continuer à fonctionner.
D’après l’industrie, ce sont environ 1,2 million d’euros que perdent les miniers par jour. Avec, au bout du compte, une facture qui devrait s’avérer lourde, et remettre en cause certaines projections.
Trois mines sur dix très affectées
En attendant, le gouvernement a instauré un système de rationnement pour la pérennité des activités et promet un retour à la normale le mois prochain, pour les scénarios les plus optimistes et en décembre pour les plus pessimistes.
Selon la compagnie publique, CI-Énergies, chargée de la gestion du secteur, une capacité de 175 mégawatts supplémentaires devrait être mise à disposition « très rapidement ».
En urgence, en plus du rationnement, le gouvernement a accordé des exonérations sur les générateurs et l’importation du fuel.
« C’est très prématuré de penser à une baisse de la production. Avec l’embellie des cours mondiaux de l’or, les opérateurs feront des efforts pour poursuivre leurs activités, et l’État fera sa part », explique une source gouvernementale.
Pour l’heure, trois mines d’or sur dix sont très affectées, mais aucune mesure de fermeture n’est à l’ordre du jour. Une adaptation progressive au nouvel environnement est en cours avec des investissements supplémentaires dans les générateurs et l’importation de fuel.
Pour rappel : la Côte d’Ivoire a produit 52 tonnes d’or en 2023 et en projette 55 tonnes en 2024.