Économie

Côte d’Ivoire : les déboires de la filière cacao inquiètent au plus haut niveau 

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Les productions de cacao ne rassurent pas le chef de l'État ivoirien. (Ph: Dr).
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Le chef de l’État a récemment convoqué le patron de la filière pour mieux comprendre les raisons de la baisse de la récolte.

Inquiet de l’évolution de la campagne de commercialisation du cacao pour la saison 2023-2024, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a rencontré le directeur général du Conseil café cacao (Ccc), Yves Brahima Koné, au retour d’une tournée en Arabie Saoudite, en Allemagne et en France, le 21 novembre dernier.

Au cours de leur entrevue, le chef de l’État a exprimé sa préoccupation face à la baisse de la récolte imputée aux conditions météorologiques défavorables des mois précédents, et qui engendre des pertes financières pour l’État en cette fin d’année, rapporte le confrère de Jeune Afrique.

Pour les deux premiers mois de la saison 2023-2024, la Côte d’Ivoire a récolté environ 479 000 tonnes de fèves contre plus de 700 000 tonnes à la même période lors de la saison précédente 2022-2023.

 Pour justifier ces manques à gagner, le Ccc pointe du doigt la contrebande aux frontières ouest vers la Guinée et le Liberia, où les prix peuvent monter jusqu’à 2 000 francs CFA le kilogramme tandis que le prix d’achat du kilo de fèves a été fixé côté ivoirien à 1 000 F CFA pour la campagne actuelle.

« Organisation criminelle »

Yves Brahima Koné n’hésite pas à qualifier d’« organisation criminelle » les responsables de ce trafic. Le phénomène a effectivement connu une recrudescence au cours des derniers mois, malgré le durcissement d’une loi réprimant les auteurs présumés de trafic de produits agricoles aux frontières. Pour les coupables, elle prévoit dix ans d’emprisonnement et 50 millions F CFA d’amende. Mais là n’est pas la seule raison des pertes financières.

La rareté des fèves de cacao est aussi l’une des conséquences du plafonnement de la récolte à 2 millions de tonnes mis en place par le Ccc en 2019.

Pour éviter la surproduction et, par conséquent la baisse des cours mondiaux de l’or brun, il a été décidé de supprimer la distribution de plants et de restreindre l’approvisionnement des paysans en engrais et produits phytosanitaires.

Résultat : les rendements et la productivité des cultures ont baissé.

Les multinationales touchées Les déboires de la filière touchent aussi les multinationales qui n’arrivent pas à couvrir leurs engagements. Comme en 2017, des craintes de défaut de contrats planent.

Ces difficultés interviennent alors que le cours du cacao se maintient à un haut niveau ces derniers mois, situation qui complique les ventes ivoiriennes à terme, les acheteurs tentant de différer leur achat dans l’attente de tarifs plus attractifs.

 Le Ccc prévoit de reporter tous les contrats de la période octobre-décembre à janvier–février. Le gendarme de la filière a également gelé momentanément la vente par anticipation. Depuis le début de la campagne, le déficit est estimé à environ 200 000 tonnes de cacao.

L’or brun représente environ 40 % des recettes d’exportation de la Côte d’Ivoire, via la taxe d’enregistrement et le droit unique de sortie (Dus), principale taxe de l’État.

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En 2022, l’exportation du cacao et de ses produits dérivés ont rapporté plus de 5 milliards de dollars au pays.

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