Le général Brunot Dogbo Blé, ancien commandant de la garde républicaine sous Laurent Gbagbo, entre 2001 et 2011, a quitté sa cellule de l’école de gendarmerie de Cocody, à Abidjan, pour regagner sa résidence du quartier de Palmeraie, le 23 février.
Le soir même, l’ancienne première dame Simone Gbagbo dont les visites pendant son emprisonnement avaient permis d’améliorer ses conditions de détention s’est rendue à son domicile pour lui exprimer son soutien, tout comme Charles Blé Goudé, ancien leader des Jeunes patriotes et ministre éphémère de la Jeunesse dans le gouvernement non reconnu et contesté de Laurent Gbagbo pendant la crise post-électorale de 2010-2011.
La veille de sa libération, selon l'article de Jeune Afrique, cet officier général de l’armée ivoirienne a bénéficié, comme une cinquantaine d’autres détenus, d’une grâce présidentielle d’Alassane Ouattara visant à décrisper le climat politique et à renforcer la cohésion nationale dans la foulée de la victoire des Éléphants à la Coupe d’Afrique des nations (Can) à domicile.
Plusieurs peines de prison
Le général Brunot Dogbo Blé purgeait plusieurs peines de prison dans de nombreuses affaires liées à la crise post-électorale de 2010-2011, notamment des assassinats et enlèvements, et au meurtre du général Robert Guei, aux premières heures du 19 septembre 2002, quand éclaté une tentative de coup d’État qui s’est mué en rébellion pendant plus de huit ans.
Durant la crise post-électorale de 2010-2011, Dogbo Blé faisait partie des rares officiers généraux et supérieurs qui avaient refusé de faire allégeance au président élu Alassane Ouattara. Cette figure emblématique de l’armée ivoirienne avait alors ouvertement défié la communauté internationale et en particulier le Coréen Young-Jin Choi, patron de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci).
Arrêté le 14 avril 2011 en pyjama dans une résidence du Plateau, le quartier administratif et commercial d’Abidjan, il avait été présenté devant des caméras de télévision pour inciter ses hommes à se rendre.
Il avait ensuite été transféré à Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire, avant d’être ramené à Abidjan.
Déchu de son grade de général en 2016 et radié des effectifs de l’armée, cet officier décrit comme brillant par ses formateurs français à Saint-Cyr Coëtquidan était, avec sa garde républicaine, l’une des clés de voûte du système sécuritaire de Laurent Gbagbo.
Un nom synonyme de terreur
Son ascension au sein de la hiérarchie militaire, ce général la doit à Gbagbo qu’il a soutenu mordicus jusqu’à sa chute.
Au moment de l’accession de l’ancien chef de l’État au pouvoir, en octobre 2000, Dogbo Blé dirigeait le bataillon blindé de la caserne d’Akouédo, à l’ouest d’Abidjan.
Entre son frère d’armes, Robert Guei, et son frère de région, Laurent Gbagbo, il choisit rapidement le second. Originaire de la région de Daloa, dans le Haut Sassandra, à l’ouest du pays, et d’ethnie bété comme l’ex-président, il devient général et s’impose comme l’un des faucons de son pouvoir.
À l’époque, la seule évocation de son nom était synonyme de terreur car la garde républicaine se trouve au cœur de plusieurs enlèvements, séquestrations et assassinats.
Avec le général Philippe Mangou, ancien chef d’état-major des armées, Dogbo Blé faisait partie des « chouchous » de Gbagbo, qui ne lui a pas rendu visite en prison pendant ses longues années de détention.
Depuis son retour en Côte d’Ivoire, en 2021, l’ancien président avait fait de sa libération une condition non négociable, estimant que son sécurocrate, «n’avait rien fait si ce n’est défendre la République ».