C’est l’un des derniers alliés de la France dans la région du Sahel. Le premier convoi militaire français parti du Niger est arrivé au Tchad "sans encombre" a indiqué, jeudi 19 octobre, à l'Afp, le porte-parole de l'état-major français, repris sur le site de ‘’France 24’’.
Ce convoi est sorti du Niger "en sécurité et en coordination avec les forces nigériennes", a expliqué le colonel Pierre Gaudillière. Il est "bien arrivé sans encombre particulière" à N'Djamena, capitale du Tchad voisin, après neuf jours de trajet.
Les rotations aériennes vers la France seront organisées "dans les prochains jours", a-t-il ajouté.
Poussée à quitter le Niger après un putsch en juillet, l'armée française doit évacuer 1 400 hommes et leurs matériels en majeure partie via le Tchad. Les militaires s'envoleront pour la France depuis N'djamena tandis que les convois de matériel rejoindront le port de Douala, au Cameroun, avant leur rapatriement en France. Un parcours de plus de 3000 km dont une partie en traversant des zones hostiles, abritant par endroits des groupes jihadistes.
Quelques jours après le départ du convoi de Niamey en direction de la frontière tchadienne, N'Djamena avait indiqué "accepter d'offrir un corridor de son territoire pour le retour des troupes françaises en France", selon un communiqué du chef d'état-major général de l'armée tchadienne, le général Abakar Abdelkerim Daoud.
N'Djamena abrite le commandement des opérations françaises au Sahel et environ un millier de militaires français.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré fin septembre que les troupes françaises auraient quitté le Niger "d'ici à la fin de l'année". Les experts envisagent, toutefois, plutôt une durée d'environ six mois en raison des défis logistiques que pose ce retrait, avec l'équivalent de 2 000 conteneurs à rapatrier.
Rencontre à l'Élysée
Mercredi, le président de transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby, a rencontré Emmanuel Macron à l’Élysée, pour faire le point sur les crises régionales et le retrait des forces françaises du Niger. "L’entretien a également permis aux deux présidents de discuter de la poursuite de la transition politique au Tchad".
Ils ont échangé "sur l’ensemble des dossiers régionaux, dont le Soudan et la Libye.
Au Soudan, la guerre a éclaté le 15 avril entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.
La Libye, également frontalière du Tchad au nord, est de son côté en proie à une crise politique majeure depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par les divisions entre l'Est et l'Ouest et par les ingérences étrangères. Le Tchad a appelé lundi à une plus grande solidarité internationale pour l'aider à nourrir et soutenir sa population et les nombreux réfugiés qu'il accueille, dont 460 000 personnes ayant fui la guerre au Soudan cette année.
Environ 2,1 millions de personnes souffrent aujourd'hui d'insécurité alimentaire sévère au Tchad, peinant à avoir un repas par jour, selon le Programme alimentaire mondial (Pam), qui décrit une situation "catastrophique". Le 20 avril 2021, aussitôt après l'annonce de la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé pendant 30 ans d'une main de fer le Tchad, une junte de 15 généraux avait proclamé son jeune fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, président pour une période de transition de 18 mois avant des élections.
Mais il l'a prolongée de deux ans en octobre 2022, invoquant la décision d'un Dialogue de réconciliation nationale boycotté par la grande majorité de l'opposition et les plus puissants des groupes rebelles armés.