« Historique », selon le communiqué de l’Elysée, décriée pour beaucoup d’autres, la visite en France de Narendra Modi, le Premier ministre indien, lors du défilé du 14 juillet, suscite de nombreuses réactions. Dans un tweet, publié le 5 mai, Emmanuel Macron s’est réjoui, lui, en français et en hindi, du statut d’« invité d’honneur » du chef du gouvernement indien.
Célébrer le partenariat franco-indien
En l’espace de seulement quelques semaines, Narendra Modi s’est rendu en Australie et aux Etats-Unis. Ces nombreux voyages s’inscrivent dans une « dynamique générale de la politique indienne » de consolidation des relations avec les pays occidentaux, explique Mélissa Levaillant, spécialiste de l’Inde et des enjeux de sécurité en Indo-Pacifique, note le media Le Nouvel Obs.
Selon ce même media, tandis que certains voient dans cette invitation une manière de célébrer le partenariat entrepris par le président Jacques Chirac vingt-cinq ans plus tôt et d’assurer une relation diplomatique pérenne avec l’Inde, d’autres considèrent que cette venue en France lors d’un événement national tel que le 14-Juillet est une « faute majeur », selon une tribune signée de plusieurs personnalités écologistes, dont Marine Tondelier, la secrétaire d’Europe-Ecologie les Verts, et publiée par « Libération » le 10 mai. « Il faut être soit totalement ignorant du contexte politique interne actuel du sous-continent, soit totalement cynique pour faire du premier ministre Modi l’invité d’honneur de la République française à l’occasion de sa journée la plus symbolique de l’année », écrivent les signataires.
L'association Citizens for Justice and Peace a tenté, par tous les moyens, de prouver la responsabilité de plusieurs hauts responsables, dont l’ancien chef du gouvernement du Gujarat, Narendra Modi, lui-même
Cette « domination idéologique » , fait savoir le Nouvel Obs, se traduit par une liberté de la presse restreinte et une lutte acharnée contre les opposants politiques ou religieux. Le 25 juin 2022, la section antiterroriste de la police du Gujarat, Etat indien à l’ouest du pays, a ainsi arrêté Teesta Setalvad, journaliste et secrétaire de Citizens for Justice and Peace, une association engagée depuis des années, en particulier dans la région du Gujarat, pour lutter contre les attaques commises contre les musulmans. A la suite des émeutes de 2002 visant les populations musulmanes de cette région à l’ouest de l’Inde, l’association Citizens for Justice and Peace a tenté, par tous les moyens, de prouver la responsabilité de plusieurs hauts responsables, dont l’ancien chef du gouvernement du Gujarat, Narendra Modi, lui-même.