Le procureur général en Libye a ordonné le placement en détention provisoire de huit responsables libyens dans le cadre d'une enquête sur la rupture des deux barrages ayant entraîné les inondations meurtrières de Derna le 10 septembre, a annoncé, lundi 25 septembre, son bureau.
Des fissures signalées depuis 1998
Les huit personnes, occupant ou ayant occupé des postes à responsabilité au sein du département des ressources hydrauliques ou celui de la gestion des barrages en Libye, sont soupçonnées entre autres de "mauvaise gestion" et de "négligence", a précisé le bureau du procureur dans un communiqué.
Le maire de Derna, Abdulmonem al-Ghaithi, démis de ses fonctions avec le reste du conseil municipal après le drame, fait également partie des personnes concernées par le placement en détention.
Selon le dernier bilan officiel provisoire, les inondations ont fait au moins 3 868 morts, alors que des milliers d'autres personnes sont toujours portées disparues. Les autorités libyennes travaillent notamment à recenser les victimes enterrées sans identification ainsi que les disparus, dont le nombre s'élève à plus de 10 000, selon les estimations des autorités et des organisations humanitaires internationales.
Le 18 septembre, des centaines d'habitants de Derna avaient manifesté pour réclamer des comptes aux autorités de l'est du pays, responsables selon eux de la catastrophe.
Le procureur général libyen Al-Seddik al-Sour avait annoncé le 15 septembre avoir ouvert une enquête sur les circonstances du drame. Selon lui, la direction des barrages en Libye avait signalé des fissures sur les deux ouvrages dès 1998, mais aucun travail n'avait été accompli pour y remédier.
Selon le dernier bilan officiel provisoire, les inondations ont fait au moins 3 868 morts
Dans une étude de novembre 2022, l'ingénieur et universitaire libyen Abdel-Wanis Ashour avait mis en garde contre une "catastrophe" menaçant Derna si les autorités ne procédaient pas à l'entretien des deux barrages. Mais cet avertissement est resté sans effet, bien que la Libye, qui dispose des réserves pétrolières les plus abondantes d'Afrique, ne manque pas de moyens.
Source: AFP