La militante guinéenne originaire de la ville carrefour de Mamou, dans le Fouta Djalon, commence son activisme dans le monde associatif. D'abord, dans les mouvements de jeunes puis les associations de femmes, avant de s'orienter vers le monde syndical, largement dominé par les hommes.
Les débuts à la Confédération nationale des travailleurs de Guinée
Elle a une vingtaine d'années lorsqu'elle intègre la Confédération nationale des Travailleurs de Guinée, l'ancien syndicat unique fondé en 1958 sous le président Sékou Touré. Pendant trente ans, elle gravit les échelons un à un jusqu'à son élection en 2000 comme secrétaire générale de la CNTG. Elle devient ainsi la première africaine à prendre la tête d'un grand syndicat.
Elle sera aussi la première à faire plier l'indétrônable général président Lansana Conté. D'abord en 2006 par une grève générale, là aussi la première du genre dans l'histoire de la Guinée. Puis, en janvier 2007, aux côtés d'autres syndicats avec une autre grève qui paralyse le pays avant de conduire au plus important soulèvement populaire qu'ait connu la Guinée. Lors des événements, la militante est bastonnée par des « bérets rouges ». Le soulèvement est violemment réprimé avec au moins 100 morts. Mais, il obligera le président Conté à répondre aux revendications syndicales et populaires.
« Rabiatou », comme on l'appelait affectueusement ou « Hadja Rabi » depuis son pèlerinage à La Mecque, sera nommée en 2010 à la tête du Conseil national de transition sous la junte du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) alors dirigé par le général Sékouba Konaté. Elle sera ensuite présidente du Conseil économique et social sous la présidence d'Alpha Condé.
Dans une interview accordée à nos confrères de Radio France Internationale en 2007, elle fustige les ambitions personnelles des leaders politiques. « Nous avons lutté pour le peuple, pas pour nous-mêmes ! Le mouvement syndical, nous n'avons pas couleur, pas ethnie. Nous nous voyons comme des Guinéens ! »
Nous avons lutté pour le peuple, pas pour nous-mêmes
Elle expliquait que c'était pas un obstacle de devenir une femme au foyer en étant activiste. (...) Elle n'a jamais eu peur. C'est pas parce qu'on est femmes qu'on doit être faibles mais utiliser cette force féminine que nous avons. C'était celle qu'il nous fallait à ce moment-là.
Dans un communiqué, le gouvernement a salué « Le souvenir de son œuvre impérissable (qui) restera à jamais gravé dans l’histoire du pays. »
Source: RFI