Plus de quatre heures d’horloge, dans une atmosphère surchauffée et où les nerfs étaient à fleur de peau, le Préfet d’Abidjan a tenu une séance de travail avec les forces vives d’Adjamé-Bingerville. Une rencontre de l’autorité préfectorale avec des frères et sœurs constitués en clans opposés.
Point d’achoppement
Contrairement au Siège de la chefferie comme annoncée la séance de travail s’est tenue sur la place publique du village en présence de toutes les formes vives du village. Le premier point d’achoppement a été la présence du Nanan (le doyen du village, une personnalité très importante) auprès de l’autorité. Un camp a estimé que la place du Nanan est du côté du peuple. « C’est notre Nanan, il doit être avec son peuple ! », ont-ils martelé.
Un préalable qui a été soulevé avec véhémence. Finalement, le Préfet a tranché : « Le respect de l’autorité c’est une vertu qui doit être cardinale chez tout le monde. Vous ne devez pas faire autre chose que ce qui vous a été prescrit par l’autorité. Et, quand l’autorité décide, c’est toujours dans votre intérêt. Mais, pour ne pas faire la polémique, vous nous avez mis devant les faits accomplis et nous avons accepté. Nous sommes là.
Votre coutume que vous revendiquez, si c’était vraiment votre coutume, nous ne serions pas là. Ce n’est pas notre place ici.
Mais, le doyen dont vous parlé qu’il soit avec nous ou avec vous, ce n’est pas notre affaire, c’est vous. C’est parce que vous ne jouez pas votre rôle que nous sommes là, aujourd’hui. Ce n‘est pas nous de décider où il doit s’asseoir ou non ! Nous sommes venus au chevet du village, malade de sa division. Vous n’avez pas à accentuer la division ! (…) Votre coutume que vous revendiquez, si c’était vraiment votre coutume, nous ne serions pas là. Ce n’est pas notre place ici. (…) Nous avons décidé que le doyen se tienne avec nous si vous ne voulez pas nous allons aviser ».
Ces écuelles levées, le Préfet a expliqué à ses hôtes que l’arrêté préfectoral qu’il avait pris désignant M. Awaka Gislain, comme chef de ce village a été cassé par le Conseil d’Etat, au motif que la consultation populaire n’était allée à son terme du fait de troubles à l’ordre public. Après quoi, il a entamé des consultations publiques des personnes ressources. Des chefs de catégories et de générations se sont exprimés. D’autres séances de travail seront organisées avec en perspective de ramener la quiétude par la nomination d’un chef du village.