Politique

Sénégal : Renvoi du procès pour diffamation de l’opposant Ousmane Sonko, des heurts à Dakar

senegal-renvoi-du-proces-pour-diffamation-de-lopposant-ousmane-sonko-des-heurts-a-dakar
Partagez
ce contenu

Des partisans de l’opposition manifestent avant le procès d’Ousmane Sonko à Dakar, le 14 mars 2023. (Ph : Dr)

Le procès intenté à l'opposant Ousmane Sonko par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, a été émaillé, le jeudi 16 mars 2023, de heurts et incidents entre jeunes et forces de sécurité dans plusieurs quartiers de Dakar.

Plusieurs quartiers de Dakar ont été jeudi le théâtre de scènes de guérilla entre jeunes Sénégalais et forces de l'ordre – l'opposant Ousmane Sonko comparaissait lors d'un procès dont pourrait dépendre sa candidature à la présidentielle de 2024. Le procès a finalement été renvoyé au 30 mars.

Cette audience s’annonçait comme un rendez-vous à risques. Le procès intenté à l'opposant Ousmane Sonko par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, a été émaillé, jeudi 16 mars, de heurts et incidents entre jeunes et forces de sécurité dans plusieurs quartiers de Dakar.

Renvoi de l'affaire

La nervosité a viré à l'agressivité après l'annonce par le tribunal du renvoi de l'affaire au 30 mars. À la sortie de la salle, des membres de l'entourage des deux parties en sont venus aux mains, forçant le service d'ordre à intervenir et à faire usage de gaz irritant.

Le ministre poursuit Ousmane Sonko pour diffamation, injures et faux. Il lui reproche d'avoir déclaré qu'il avait été épinglé par un rapport de l'Inspection générale d'État (Ige) pour sa gestion d'un fonds pour l'emploi des jeunes.

Des groupes de jeunes ont lancé des pierres sur les gendarmes et les policiers dans les rues adjacentes au tribunal. Un impressionnant dispositif de sécurité avait transformé le complexe en camp retranché. Les forces de sécurité ont repoussé à plusieurs reprises les assaillants à coups de lacrymogènes dans des détonations assourdissantes.

Une fois à la barre, Ousmane Sonko a expliqué qu'il voulait choisir son itinéraire.

Le trajet d’Ousmane Sonko jusqu'au tribunal, sous forte escorte policière à travers une ville en état d'alerte, a lui-même été émaillé de troubles. Les forces de sécurité ont fini par extraire Ousmane Sonko de force de son véhicule pour le conduire au palais de justice. Ceux qui l'accompagnaient disent que lui et d'autres ont été malmenés lors de ce transfert et aspergés de gaz lacrymogènes.

Une fois à la barre, Ousmane Sonko a expliqué qu'il voulait choisir son itinéraire. « La police et la gendarmerie m'imposent un itinéraire. J'ai été brutalisé. Le régime ne compte que sur les forces de sécurité ».

Ousmane Sonko s'est fait ausculter par un médecin au tribunal. Après plusieurs heures, l'audience, sous haute tension, n'avait toujours pas abordé le fond du dossier. Le procès a finalement été renvoyé au 30 mars.

Ce nouvel accès de fièvre est le dernier épisode d'un psychodrame tenant le monde politique en haleine depuis deux ans et qui a déjà, par le passé, causé un trouble considérable.

En mars 2021, la mise en cause d'Ousmane Sonko dans une affaire de viols présumés et son arrestation sur le chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans la région.

À l'approche de la présidentielle de 2024, les tensions s'amplifient de nouveau.
Le dossier de viols présumés – non jugé pour le moment – et celui pour diffamation, font peser la menace d'une éventuelle inéligibilité sur la candidature d'Ousmane Sonko.

Lui et ses soutiens crient au complot ourdi par le pouvoir pour l'éliminer politiquement. Sonko avait appelé ses partisans à venir massivement le soutenir au procès.

La personnalité d'Ousmane Sonko, 48 ans, divise les Sénégalais. Il tient un discours souverainiste, panafricaniste et social, pourfendant les élites et la corruption. Ses détracteurs dénoncent, eux, un populiste n'hésitant pas à souffler sur les braises sociales et à instrumentaliser la rue pour échapper à la justice.

Le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat contribue aussi à dresser les camps adverses les uns contre les autres.

André Lepro
Avec Afp

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Saisissez votre email ci-dessous pour inscrire à notre lettre d'information et recevoir chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire