Les députés sénégalais ont adopté jeudi soir la loi supprimant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Cette juridiction ad hoc créée en 1981, sous Abdou Diouf, et ressuscitée par Macky Sall en 2012 après trente années de mise en sommeil, cédera la place à un pool judiciaire financier (PJF) comprenant notamment un parquet « spécialement compétent » sur la criminalité financière et formé de magistrats spécialisés. Le projet de loi a été approuvé par plus de 120 députés sur les 165 que compte l’Assemblée nationale.
Progrès juridictionnel
Le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a salué « un progrès juridictionnel » avec le PJF, un nouveau dispositif qui « modernise » la lutte contre la criminalité financière, laquelle « s’est complexifiée ». D’où, selon lui, les « difficultés » rencontrées par la CREI en raison d’un manque « de ressources humaines, de moyens et de magistrats spécialisés ». La nouvelle loi doit encore être promulguée par Macky Sall.
La quasi-totalité des députés intervenus se sont réjouis de la suppression de la CREI. Ceux de l’opposition ont critiqué une cour qui rendait une « justice politique »
La quasi-totalité des députés intervenus se sont réjouis de la suppression de la CREI. Ceux de l’opposition ont critiqué une cour qui rendait une « justice politique », utilisée pour « mater des opposants », ce que nient les autorités.
Certains parlementaires sont longuement revenus sur le cas de Karim Wade, empêché de participer à l’élection présidentielle de 2019 à cause de sa condamnation pour enrichissement illicite. Le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade avait été condamné en 2015 à six ans de prison ferme. Le Ministre d’État de 2010 à 2012, il avait été gracié en 2016 par le président sénégalais mais reste exilé au Qatar.