De nombreux électeurs étaient déjà là sous un ciel nuageux avant l'ouverture du bureau de vote de l’école Mamadou Goundo Simaga, placé sous la surveillance des forces de sécurité.
Bulletin blanc pour le oui et rouge pour le non
Puis les premiers électeurs ont commencé à choisir dans l'isoloir entre un bulletin blanc pour le oui et rouge pour le non, à l'abri des regards des officiels, des représentants des deux camps et de quelques observateurs nationaux, avant de déposer leur vote dans une urne transparente.
Environ 8,4 millions de Maliens sont appelés à se prononcer au cours d'un scrutin que conteste une opposition hétéroclite et qu'une insécurité persistante compromet dans plusieurs régions.
Les votants décideront d'accepter ou non un renforcement des pouvoirs du président à la tête de ce pays confronté à l'expansion jihadiste et à une crise multidimensionnelle
Parmi les changements proposés par la junte par rapport à la Constitution de 1992, les votants décideront d'accepter ou non un renforcement des pouvoirs du président à la tête de ce pays confronté à l'expansion jihadiste et à une crise multidimensionnelle : sécuritaire, politique, économique, humanitaire.
Cette acceptation est l'un des enjeux de la consultation. Les détracteurs du projet le décrivent comme taillé sur mesure pour un maintien des militaires au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024, malgré leur engagement initial à rétrocéder la place aux civils après les élections.
La victoire du oui paraît acquise. Mais l'ampleur en sera scrutée, comme la participation, bien que traditionnellement faible, et les conditions de déroulement du scrutin.
Dans un environnement rendu difficilement déchiffrable par l'opacité du système et les restrictions imposées à l'expression, le vote pourrait délivrer des indications, à prendre avec prudence, sur le soutien de la population à la junte et à son chef, le réputé populaire colonel Assimi Goïta, ainsi que sur la situation intérieure.
Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 et l'exercent sans partage revendiquent de faire reculer les jihadistes sur le terrain. Le vote a lieu moins de 48 heures après le congé fracassant donné par Bamako à la mission de l'ONU après dix ans de présence. Les autorités estiment que la mission a failli et que le Mali peut assumer sa sécurité par ses "propres moyens".
Mais l'insécurité persistante devrait interdire le vote sur de vastes étendues. Là où il aura lieu, les bureaux sont toujours exposés à des attaques.
Au nord, dans les localités qu'ils contrôlent, dont le fief de Kidal, les anciens rebelles signataires d'une paix fragile devraient empêcher le vote d'un projet où ils disent ne pas retrouver l'accord qu'ils ont signé en 2015.