C'est un rendez-vous auquel les populations du Sud-Comoé en général et de la ville de Bonoua en particulier sont désormais habituées. Le Popo Carnaval ne cesse d'apporter des améliorations à chaque éditions. Dans une interview qu'il a bien voulu nous accorder, le médecin colonel Joseph Ampoh Yao, Commissaire Général de la 42ème édition du Popo Carnaval de cette année 2023 revient sur les grandes lignes de ce festival culturel.
Qu'est-ce qu'il faut comprendre par Popo Carnaval?
Le Popo Carnaval est un festival de réjouissance qui cette année a apportée des innovations à savoir le village de l'intégration, les concours de beauté avec un concours particulier au niveau des femmes de tailles de moins de 1m68. En pays abouré on les appelle les ValèKoukou ce qui pourrait s'apparenter aux femmes ''apoutchou" (terme ivoirien désignant les femmes aux formes généreuses ndlr). Il y aura aussi des prix par rapport aux défilés en ce qui concerne les meilleures représentations artistiques. Nous avons également un village de l'intégration qui va regrouper les allogènes et les allochtones pour faire un brassage culturel. C'est d'ailleurs à ce titre que la troupe culturelle Adayé Késsié est présente avec la danse originaire de Bondoukou. Il y aura l'élection de l'Ebè (le plus bel homme en pays abouré) et son équivalent l'Awoulaba chez les femmes. Nous sommes donc heureux de conduire le Popo Carnaval jusqu'à son terme.
Cette 42ème édition a pour thème les langues maternelles : outils de diversité culturelle et instruments de paix? Pourquoi le choix d'une telle thématique?
Comme tout le monde le sait, les langues maternelles font partie de l'identité d'un individu. Toute personne s'identifie par sa langue et nous les abouré nous nous identifions par l'abouré que nous parlons. C'est donc important que nous puissions pérenniser cette langue et notre culture parce que la culture est liée à la langue; si nous perdons notre langue, nous perdons notre culture car ces deux notions sont liées. Nous insistons auprès de tous nos frères d'enseigner leurs langues maternelles à leurs enfants.
Si nous perdons notre langue, nous perdons notre culture
A l'origine c'est quoi le Popo Carnaval?
Le Popo Carnaval c'est à la base une fête de réjouissance, c'est la fête d'igname avec laquelle nos ancêtres sont venus lors du peuplement de la Côte d'Ivoire. Nous faisons la fête d'igname chaque année et nos anciens ont trouvés bon de transformer cela en festival et donc c'est progressivement que les masques que nous portons pour défiler ont fait leur apparition . Initialement c'était pour assagir les enfants en les effrayant; c'est ainsi que les gens s'habillent avec des vêtements dont on ne voit pas les doigts, puis mettent un masque et vont entrer dans des cours juste pour effrayer les enfants afin de les assagir.
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D'où vient l'appellation Popo?
Le masque dont j'ai parlé est fait comme en polystyrène et quand vous donnez des petits coups ça produit le son po po; c'est de là que vient le non Popo qui littéralement veut dire un masque effrayant en langue abouré.
Dans les prochaines années quels seront les challenges à relever pour un Popo Carnaval encore plus rayonnant?
De nos jours tous les festivals deviennent des outils de développement et donc le Popo Carnaval emboite le pas à cette réalité parce que nous sommes tous soucieux du développement de nos régions. A travers ce genre de festival nous pouvons apporter le développement tant recherché.
Nous souhaitons que l'Etat pense à nous dans la ligne budgétaire pour organiser ce festival plus facilement
Quelles sont vos doléances?
Nous souhaitons que l'Etat pense à nous dans la ligne budgétaire pour organiser ce festival plus facilement parce qu'il nous faut faire, plusieurs demandes dans les ministères, dans les sociétés et ce n'est pas évident que les gens vous donnent tous le nécessaire pour faire ce festival; ce qui fait que quelque fois, il y a certaines activités que nous sommes obligé de ne pas réaliser et c'est gênant. Nous souhaitons que l'Etat ait un clin d'œil sur le Popo Carnaval qui du reste, est l'un des plus vieux festivals de Côte d'Ivoire qui n'est pas encore pris en charge par l'Etat de Côte d'Ivoire.
Entretien réalisé par PAK, envoyé spécial à Bonoua