L'entraîneur champion d'Afrique avec la Côte d'Ivoire vient de perdre le procès qu'il avait intenté à sa banque conseil en gestion de patrimoine.
Il l'accusait de lui avoir fait réaliser, entre 2003 et 2005, des investissements pour 851 millions 448 mille 597,22 francs Cfa (1,3 million d'euros) sans l'avoir informé des risques de non-remboursement du crédit en cas de cessation de carrière.
Or, touché par des phlébites à répétition, le footballeur avait dû quitter prématurément les terrains, en février 2012, à l'âge de 28 ans.
Le joueur s'était donc retrouvé à devoir rembourser d'importantes traites, avec des revenus bien moindres.
En 2016, il se décide à assigner ses conseillers bancaires, considérant qu'ils avaient manqué à leur devoir d'information et d'alerte, en s'abstenant notamment de lui conseiller une assurance emprunteur garantissant le risque de cessation prématurée de sa carrière.
Les risques de se constituer un patrimoine sur une période court
Dans un arrêt rendu le 2 février, les juges de la cour d'appel ont considéré que ses conseillers bancaires se devaient d'éclairer l'ancien footballeur sur les risques d'un non-remboursement de son emprunt et auraient dû attirer son attention sur les limites de l'assurance proposée (qui se cantonnait au décès ou à la perte d'autonomie).
Selon les magistrats, le joueur savait cependant que sa carrière serait courte, « lui procurant de très hauts revenus sur une période réduite », l'incitant ainsi à « se constituer un patrimoine afin de compenser le moment venu [sa] baisse de revenus ».
Un risque dont Emerse Faé semblait avoir connaissance, puisque ce dernier avait contracté, en 2006, auprès d'une autre compagnie, une assurance qui lui a permis de bénéficier d'un capital d'un million d'euros (654 millions 590 mille 499,50 de francs Cfa), après la perte de sa licence de footballeur professionnel. Le joueur a donc été débouté de ses demandes. Contacté, son avocat n'a pas donné suite.
L'affaire illustre la nécessité pour les joueurs de sécuriser leurs placements en vue de leur après-carrière.
Récemment, une trentaine de footballeurs et entraîneurs ont assigné l'Unfp (Union nationale des footballeurs professionnels), pour des motifs similaires, considérant qu'une filiale commerciale de leur syndicat les avait incités à réaliser de lourds investissements, présentés comme sûrs, et qui se sont révélés catastrophiques.