André HABA
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Il y a encore quelques semaines, pour les Ivoiriens, la Y4 tenait du fantasme. Cette infrastructure routière, synonyme, du moins pour quelque temps, de désengorgement du trafic dans le cœur de la capitale économique, permet de contourner la ville par le Nord.
À terme, ce nouveau boulevard périphérique, dont les travaux sont estimés à 87 milliards de francs Cfa (130 millions d’euros) ceinturera le Grand Abidjan en partant de Bassam-vitré, à Bingerville, pour joindre Cocody, Abobo, Anyama, Songon et finalement rejoindre le carrefour Jacqueville.
La colonne vertébrale de ce chantier structurant est en train de signer son épilogue, du moins pour sa section entre Bingerville, sur le flanc est de la mégapole, et le stade olympique Alassane-Ouattara d’Ebimpé, au nord.
« Elle n’est pas totalement achevée mais sera ouverte à la circulation pour offrir une option alternative aux fans de football qui souhaitent rejoindre le stade Alassane-Ouattara », explique Fabrice Coulibaly, le directeur général de l’Agence de gestion des routes (Ageroute).
Scènes de chaos
La Y4 sera bitumée pour l’événement, mais l’éclairage et la signalisation ne seront pas encore installés. « Depuis plusieurs mois, nos équipes et les entreprises impliquées travaillent 24 heures sur 24 pour que la mise en service de cette infrastructure soit rendue possible », assure Fabrice Coulibaly.
Il en va de l’image et de la réputation de la Côte d’Ivoire. En effet, les autorités ivoiriennes comptent sur cette deux fois deux voies pour éviter les scènes de chaos qui ont rythmé les matchs tests des Éléphants ces derniers mois.
Sur Facebook, un internaute, selon le confrère de Jeune Afrique, a par exemple relaté le calvaire enduré par une majorité de supporters pour espérer assister à la rencontre amicale Côte d’Ivoire-Seychelles, le 17 novembre dernier, au stade d’Ebimpé.
Le fan de football évoque « un capharnaüm digne du forum d’Adjamé », faisant référence au foisonnant marché central de la capitale économique.
Coincé pendant des heures dans des embouteillages monstres, il n’a pas réussi à atteindre le stade avant le coup d’envoi du match.
« S’il s’agissait d’un test grandeur nature, je pense qu’il a permis de voir les failles. J’espère qu’elles seront adressées avant l’ouverture de la Can », conclut-il, véhément, se réjouissant néanmoins de la large victoire des Éléphants neuf buts à zéro.
Coup d’accélérateur
Malgré ces couacs, la Côte d’Ivoire ambitionne d’offrir un visage moderne et dynamique à l’occasion de ce rendez-vous incontournable du sport africain.
Ces derniers mois, l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations, qui se déroulera du 13 janvier au 21 février, est même devenue la priorité numéro un du gouvernement ivoirien.
La nomination de Robert Beugré Mambé en tant que Premier ministre, le 16 octobre dernier, le démontre – l’organisation de la Can a été placée directement sous la responsabilité de l’ex-gouverneur du district d’Abidjan.
Et la réussite de la compétition passe notamment par une mise à niveau des infrastructures routières.
« La grande majorité des infrastructures en cours d’achèvement étaient déjà prévues par le Schéma directeur d’urbanisme du Grand Abidjan (Sduga), qui est approuvé depuis 2016, rappelle le directeur général de l’Ageroute. Mais c’est vrai qu’un certain nombre d’entre elles ont bénéficié d’un gros coup d’accélérateur. »
En conséquence, à quelques jours de la cérémonie d’ouverture, la Côte d’Ivoire est un vaste chantier. Une voie rapide en deux fois trois voies est venue remplacer la route en mauvais état qui permettait jusqu’alors de quitter la capitale économique en direction d’Adzopé.
Théoriquement, celle-ci permet de rejoindre le stade d’Ebimpé en quelques dizaines de minutes depuis le centre de la ville.
Plusieurs échangeurs sont également en cours de construction en vue de désengorger le trafic. « De façon générale, nous pouvons dire que le président de la République a engagé de gros travaux d’investissement.
Et le ministère chargé de la question ayant pris conscience de l’urgence de l’achèvement de ces travaux a mis le paquet ces dernières semaines », a déclaré Robert Beugré Mambé, le Premier ministre, le 18 décembre, lors d’une visite du chantier du 4e pont d’Abidjan.
L’ouvrage d’art, qui relie la vibrionnante commune de Yopougon à celle du quartier administratif et des affaires du Plateau, sera aussi ouvert à la circulation en amont de l’événement sportif.
Côtière et autoroute vers le Burkina
« En dehors d’Abidjan, en plus des voies d’accès aux stades qui accueilleront des matchs, c’est-à-dire à Bouaké, San Pedro, Yamoussoukro et Korhogo, la métamorphose majeure, c’est l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké », poursuit Fabrice Coulibaly.
La première section de la nouvelle infrastructure, entre Yamoussoukro et Tiébissou, est en service depuis décembre 2022.
La seconde phase, qui permet de rejoindre Bouaké, la deuxième ville du pays, a été inaugurée le 24 août dernier par le viceprésident, Tiémoko Meyliet Koné.
À terme, l’autoroute doit rallier le Burkina Faso, en passant par Ferkességoudou. Les travaux entre Bouaké et Kanawolo, à l’est de Korhogo, pourraient commencer dès 2024. « Mais l’infrastructure qui a le plus bénéficié de la Coupe d‘Afrique des nations, c’est la Côtière », précise le directeur de l’Ageroute.
En effet, cette route, qui relie Abidjan à San Pedro via Sassandra en longeant la côte atlantique, ne faisait pas partie des infrastructures prioritaires.
Achevée à 95 %, elle permet désormais de rejoindre la ville portuaire de l’ouest de la Côte d’Ivoire en trois heures de trajet, contre une dizaine auparavant.
De quoi désenclaver la zone et doper l’industrie touristique dans toute la région.
