L’élimination de la pandémie du Sida à l’horizon 2030. Quatre décennies en arrière cet objectif aurait été un pari fou. Mais les chiffres communiqués par le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle lors de la commémoration de la 36e Journée mondiale de lutte contre le Sida, le 1er décembre 2023, confirment la régression d’une des pandémies les plus meurtrières. « La prévalence de la maladie a considérablement baissé, passant de 4,7% en 2010 à 1,82% à fin 2022. Durant la même période, le nombre de nouvelles infections à VIH a connu une baisse de 66%, et le nombre de décès liés au sida a baissé de 70% », a relevé Pierre Dimba.
La prévalence de la maladie a considérablement baissé, passant de 47% en 2010 à 1,82% à fin 2022
Le taux de prévalence montre bien que la Côte d’Ivoire est loin des chiffres effroyables des années sombres.
Après l’officialisation des premiers cas dans les années 1985, l’infection à VIH a été la plus grosse menace de santé publique. Avec un taux de prévalence que certains estimaient à 12%, le pays était considéré comme l’épicentre de la pandémie en Afrique de l’Ouest.
Le VIH/sida qui est une cause majeure de morbidité et de mortalité chez l’adulte en Côte d’Ivoire a provoqué d’importantes pertes de compétences professionnelles essentielles. Le corps enseignant par exemple a payé un lourd tribut à la maladie. L’impact de la maladie sur le développement était indéniable. Obligeant les dirigeants, la société civile et le secteur privé à mettre le VIH/SIDA au centre de leurs préoccupations. On a assisté à la création de comité de lutte contre le Sida dans de nombreuses structures publiques et entreprises. En plus du Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS), le gouvernement ivoirien pour contrer l’urgence de la pandémie a créé en 2001 un ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé de la lutte contre le sida et les autres pandémies avec une stratégie axée sur la multisectorialité.
La mobilisation de nombreuses organisations internationales
Le pays a vu la mobilisation de nombreuses organisations internationales engagées dans la guerre contre la pandémie. Il a bénéficié de nombreuses initiatives. On peut citer entre autres, le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme créé en 2002 et le Plan Présidentiel d'urgence contre le SIDA (PEPFAR, plan du gouvernement américain) en 2003. Autant d’efforts qui ont rendu possible le recul de la maladie. Mais les autorités ne baissent pas la garde. En effet, le 9e Conseil national de lutte contre le SIDA tenu le 14 juillet 2023 a été l’occasion de lancer un appel à la remobilisation.
Objectif, atteindre l'élimination de la maladie à l'horizon 2030
« La tenue ce jour du 9e Conseil national de lutte contre le SIDA est l’occasion de lancer un appel à la remobilisation, ainsi qu’à l’action coordonnée et solidaire de tous les acteurs pour atteindre l’objectif de l’élimination de la pandémie à l’horizon 2030 », a indiqué le Vice-Président, Tiémoko Meyliet Koné.
Il ne faut surtout pas baisser la garde
« Les résultats encourageants ne doivent cependant pas nous faire perdre de vue les efforts qui nous restent encore à accomplir pour atteindre nos objectifs des 3x5 (95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique. 95% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement antirétroviral durable. 95% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée NDLR). », souligne le ministre de la Santé. Selon lui, en 2022, 82% des personnes vivant avec le VIH ont été dépistées, 87% de ces personnes ont bénéficié du traitement antirétroviral, et 87% ont obtenu une suppression de leur charge virale.
Le gouvernement lance donc un appel aux communautés « pour briser les barrières de la stigmatisation et de la discrimination à l’endroit des personnes vivant avec le VIH, en vue de faciliter l’atteinte des objectifs ».
Aujourd’hui, à l’instar de tous les pays, la Côte d’Ivoire garde son élan pour mettre fin à l’épidémie. Ici comme ailleurs, l’élimination du Sida à l’horizon 2030 est un devoir pour les dizaines de millions de personnes fauchées par la pandémie.