La marche est une activité instinctive pour l’homme qui la pratiquait en des temps lointains sur de longues distances pour chasser. Mais aujourd’hui les choses ont changé. Nos modes de vie actuels ont rendu la marche moins nécessaire.
Nous sommes devenus plus sédentaires, ce qui n’est pas sans risque pour notre santé. Alors, comment la marche améliore-t-elle notre bien-être physique et mental ? Tentons d’y répondre dans cet article, études scientifiques à l’appui.
La sédentarité, une menace pour notre santé
Le confort moderne nous pousse de moins en moins à nous déplacer à pied : système de livraison à domicile, réseau de transport dense en centre-ville…Selon cette enquête réalisée en 2018 dans huit pays européens, il apparait que les ressortissants de ces pays passent en moyenne 7h26 assis par jour.
Cependant, un manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis constituent une menace invisible pour notre santé.
Ces risques sont majorés lorsque le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité sont cumulés. Alors, marchez-vous suffisamment ? L’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) recommande aux adultes de pratiquer une activité physique d’intensité modérée pendant au moins 150 minutes par semaine, ce qui représente par exemple 30 minutes, 5 fois par semaine.
Pour se sentir bien et rester fonctionnel, le corps a besoin de mouvement. Sans être stimulé, le corps s’affaiblit et on finit par tomber malade.
La marche, lorsqu’elle est pratiquée correctement, constitue une activité physique simple aux bienfaits multiples qui permet même d’augmenter l’espérance de vie.
Les effets de la marche sur notre corps
La science montre que la pratique d’une activité physique régulière, même à intensité faible ou modérée, a des effets positifs sur notre état de santé. Elle améliore la circulation sanguine, réduisant notamment le risque de formation de caillots dans les artères, et favorisant la distribution des anticorps et globules blancs dans l’organisme. Elle favorise aussi l’endurance, la régénérescence cellulaire, et améliore la capacité pulmonaire et cardiaque.
En effet, la marche favorise l’augmentation du diamètre des vaisseaux sanguins ce qui facilite le travail du cœur qui peut pomper moins fort pour propulser le sang jusqu’aux différents organes. Résultat : la pression artérielle diminue.
C’est pourquoi la marche est souvent recommandée aux personnes souffrant d’hypertension.
Par ailleurs, la marche est aussi préconisée pour prévenir des maladies ostéo-articulaires touchant particulièrement les personnes vieillissantes puisqu’il s’agit d’une activité douce mobilisant l’ensemble du squelette où les risques de blessure sont faibles.
Un élément particulièrement important lorsqu’on sait que les seniors ont tendance à perdre en mobilité de leurs articulations, en souplesse au niveau des tendons, et en tonus musculaire. Autre point fort : elle améliore l’équilibre.
Mais ses bienfaits ne s’arrêtent pas là. Une activité physique, même faible, aide le corps à mieux assimiler le glucose et ainsi lutter contre l’hyperglycémie, c’est-à-dire le faire d’avoir un taux trop élevé de glucose dans le sang. Selon les chercheurs, l’idéal est de marcher juste après les repas, lorsque la glycémie monte en flèche.
Alors marcher oui… Mais pas n’importe comment ! Pour profiter pleinement de ses bienfaits, il s’agit d’adopter une marche active ou avec du dénivelé de manière à ce que les fréquences respiratoires et cardiaques augmentent légèrement. Une étude parue en avril 2022 et réalisée par des chercheurs à l’Université de Leicester sur plus de 400 000 Britanniques conclut que la marche rapide permettrait de maintenir son corps à un âge biologique plus jeune.
Les bienfaits de la marche sur le cerveau
La marche est donc bénéfique pour le corps, mais elle aide aussi notre esprit : meilleure concentration, baisse du stress, amélioration du sommeil. « Les seules pensées valables viennent en marchant » écrivait le philosophe allemand Friedrich Nietzsche.
Comme lui, d’autres philosophes ou écrivains ne juraient que par la marche pour stimuler la réflexion. Schopenhauer, Goethe ou encore Giono sont de ceux-là. Bien avant eux, dès l’Antiquité, Aristote avait pour habitude d’enseigner à ses élèves en se promenant, ce qui valut à son école de philosophes le qualificatif de « péripatéticienne », du grec ancien « qui aime se promener en discutant ». Il aimait déambuler, marcher sans but précis, tout en réfléchissant et en discutant.
Aujourd’hui, plusieurs dirigeants se servent de la marche en extérieur pour discuter avec des collaborateurs, débriefer un sujet, voire mener une réunion. Une nouvelle pratique en entreprise nommée cowalking.
Alors quels sont les effets de la marche sur notre cerveau ? La science montre effectivement que l’exercice physique a des effets positifs sur les performances cérébrales. Il semblerait qu’en mouvement, le cerveau soit plus actif que lorsque nous sommes assis.
Il doit en effet garder l’équilibre, être attentif à l’environnement pour éviter de potentiels obstacles ou dangers, ce qui favorise de manière générale l’attention et la concentration.
Sabine Schäfer, chercheur en psychologie à l’Institut Max Planck à Berlin, a soumis dans le cadre d’une étude, des enfants de 9 ans et des jeunes adultes à des tests d’attention. Les participants étaient soit assis derrière un bureau, soit marchaient à la vitesse de leur choix sur un tapis roulant. Il en résulte que les taux d’erreur étaient systématiquement moins élevés pour les marcheurs.
La marche, un doux remède
Enfin, la marche active certains processus dans notre cerveau qui nous aident à garder le moral, à réduire notre niveau de stress ou encore à avoir une meilleure estime de soi.
Cette revue de littérature scientifique cherche à montrer l’état de la recherche sur les bienfaits psychologiques de l’activité physique sur le bien-être individuel et la santé mentale. On peut lire qu’une marche rapide de 25 à 75 minutes sur tapis roulant à intensité modérée (60 à 75% de la fréquence cardiaque maximale) a un effet positif sur l’humeur, l’anxiété, les symptômes de dépression, ou encore l’espoir.
De nombreux travaux convergent vers des résultats similaires et mettent aussi en avant les effets plus durables liés à la pratique d’une activité physique régulière. Par exemple, dans une analyse portant sur 30 études sur la dépression, l’anxiété et l’humeur, 90% d’entre elles montrent les bienfaits psychologiques de la pratique régulière de l’activité physique.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer de tels résultats. Elles mettent en lumière que la pratique de l’activité physique a un pouvoir de distraction devant les difficultés vécues, ou encore un pouvoir énergisant qui augmente les capacités de résistance physique et psychologique devant les difficultés.