« Félix Tshisekedi est aujourd’hui comme un inconscient qui joue avec le feu dans une poudrière. » Le ton est menaçant, la posture martiale. Devant la caméra, John Numbi Tambo Banza, chemise à manches courtes et casquette kaki. Cela faisait près de trois ans que l’ancien chef de la police et de l’Inspection générale des forces armées n’avait pas pris la parole.
Briser le silence
Et c’est peu de dire que l’ancien inspecteur général de la Police nationale congolaise (PNC) – fonctions dont il a été démis en 2010, après l’assassinat de l’activiste Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana qu’il est soupçonné d’avoir commandité – n’a pas brisé le silence pour rien.
Dans une vidéo de 11 minutes, diffusée le 7 octobre, John Numbi a violemment attaqué le régime de Félix Tshisekedi, appelant à « barrer la route » à celui qu’il qualifie « d’aventurier ».
Une paix des braves qui s’est matérialisée par un accord dont la majorité des acteurs sont encore vivants.
« Corruption institutionnalisée », « tribalisme à outrance », « prédation des richesses du pays », « instrumentalisation de la justice », « assassinats politiques »… John Numbi a dressé dans cette intervention un tableau très sombre de la gouvernance actuelle.
Il reproche d’abord à Félix Tshisekedi d’avoir « déboulonné le système qui l’a mis au pouvoir ». « Les élections de 2018 ont consacré une passation pacifique du pouvoir […], une paix des braves qui s’est matérialisée par un accord dont la majorité des acteurs sont encore vivants », a-t-il lancé, évoquant le fameux « compromis » trouvé entre Joseph Kabila et l’actuel chef de l’État – compromis qui aurait permis à ce dernier d’arriver au sommet de l’État. Pour Numbi, « Tshisekedi a perdu toute légitimité en reniant l’accord qui lui a permis d’accéder au pouvoir ».