L'Arabie saoudite accueille depuis hier samedi 5 août une réunion sur l'Ukraine. Une nouvelle tentative d'imposer sa puissance internationale, même si les attentes restent limitées quant aux résultats de cette énième initiative de paix.
Une mission de bon offices
La richissime monarchie du Golfe a annoncé, vendredi, la venue de "conseillers de sécurité de pays frères" pour discuter de la "crise ukrainienne", lors de cette réunion de deux jours à Jeddah, sur la mer Rouge, sans dévoiler le nom des États y participant.
Cette réunion reflète, selon l'agence de presse officielle SPA, la "disponibilité du royaume à exercer une mission de bons offices pour contribuer à trouver une solution qui conduira à une paix permanente". Une trentaine de pays, mais pas la Russie, ont été invités, selon des diplomates tenus au courant des préparatifs et qui ont requis l'anonymat.
Selon ces derniers, Riyad tient particulièrement à recevoir le Brésil, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud, membres des Brics (avec la Russie) qui, contrairement aux Occidentaux, n'ont pas pris partie pour l'Ukraine sans toutefois soutenir l'invasion russe lancée en février 2022. Proche de Moscou et entretenant de bonnes relations avec Kiev, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole brut, a déjà cherché à se positionner en médiatrice dans la guerre.
L'Ukraine a néanmoins reproché à Riyad de faire le jeu de la Russie, sous le coup de sanctions occidentales, en menant conjointement avec elle une politique pétrolière visant à doper les prix sur les marchés mondiaux.
Critiquée par les pays occidentaux pour son refus de condamner la Russie, la Chine sera représentée à la réunion de Jeddah par son émissaire pour l'Ukraine, Li Hui. Pékin s'est dit déterminé à "continuer de jouer un rôle constructif pour un règlement politique de la crise ukrainienne". L'Inde et l'Afrique du Sud ont aussi fait savoir qu'elles participeraient.
L'Arabie saoudite, après plusieurs années de diplomatie erratique sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane, se voit aujourd'hui en médiateur international. Le royaume a assaini ses relations avec ses propres rivaux, à commencer par le Qatar, la Turquie et même, cette année encore, l'Iran et la Syrie.
"En accueillant ce sommet, l'Arabie saoudite veut renforcer son ambition de devenir une puissance moyenne mondiale capable d'être médiatrice dans les conflits", observe Joost Hiltermann, responsable du Moyen-Orient à l'ONG spécialisée International Crisis Group.
L'Arabie saoudite se voit aujourd'hui en médiateur international
Pour Riyad, également à l'œuvre dans les pourparlers sur le Soudan, théâtre d'un conflit depuis mi-avril, le but est aussi de "faire oublier certains de ses échecs passés, comme son intervention au Yémen ou le meurtre de Jamal Khashoggi", dit cet expert à l'AFP.
L'Arabie saoudite a lancé en 2015 une opération militaire au Yémen voisin pour y soutenir les forces gouvernementales combattant les rebelles houthis, proches de l'Iran. Les accusations de crimes de guerre et la crise humanitaire, l'une des pires au monde, a terni l'image du royaume.
Source AFP et France 24.