La Confédération africaine de football (Caf) a un sens de l’organisation qui interroge. Ce jeudi 12 octobre au soir à Abidjan, à l’occasion du tirage au sort de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2023, prévue du 13 janvier au 11 février en Côte d’Ivoire, Tom Saintfiet, le sélectionneur de la Gambie, ne devrait pas croiser beaucoup de visages connus. « Mon équipe ne joue pas, donc venir à Abidjan ne me pose pas de problème, mais il y aura peu d’entraîneurs », prévoit le Belge.
Le Namibien Collin Benjamin, également au chômage technique ce mois-ci, est lui aussi attendu, tout comme Amir Abdou, le sélectionneur de la Mauritanie. Jean-Louis Gasset (Côte d’Ivoire) et Walid Regragui (Maroc), dont les équipes s’affronteront le 14 octobre dans la capitale économique ivoirienne, devraient aussi être de l’événement.
La colère des techniciens
Les autres, retenus par des matchs amicaux, n’effectueront pas le voyage à Abidjan.
La Caf a en effet fixé la date du tirage au sort au cœur d’une période réservée aux sélections nationales, alors que l’instance était parfaitement informée du calendrier établi depuis des mois par la Fédération internationale de football (Fifa).
Le Monde a contacté à plusieurs reprises la Caf afin d’obtenir des explications. En vain.
« Sincèrement, j’aimerais bien savoir qui, à la Caf, a eu l’idée géniale de placer le tirage à cette date. C’est un peu n’importe quoi », regrette Sébastien Desabre, le sélectionneur français de la République démocratique du Congo (Rd Congo), qui ne fera pas le voyage, son équipe affrontant la Nouvelle-Zélande le 13 octobre à Murcie, en Espagne : « La Caf aurait très bien pu organiser cet événement une semaine plus tard, afin que tous les sélectionneurs concernés soient présents à Abidjan.
Ma priorité et celle des autres entraîneurs, c’est d’être avec nos joueurs. S’absenter deux jours avec un match le lendemain du tirage, ce n’était pas envisageable pour moi ».
Amir Abdou, le sélectionneur franco-comorien de la Mauritanie, assistera, lui, à la cérémonie, mais au prix d’un aller-retour express depuis le Maroc, alors que les Mourabitounes sont en stage à Casablanca.
« Comme on jouera le 14 octobre contre Madagascar, je peux me permettre de m’absenter deux jours et laisser à mes adjoints le soin de diriger deux séances d’entraînement. Car il faut comprendre que ce n’est pas qu’un tirage au sort. On peut également visiter les différentes installations, comme les stades, les centres d’entraînement, les hôtels », explique-t-il.
Hubert Velud, le sélectionneur du Burkina Faso, fera lui aussi partie de la liste des absents, alors que les Etalons affronteront la Guinée équatoriale le 13 octobre à Malabo.
L’entraîneur français fustige une décision irrespectueuse, non concertée et « incompréhensible, qui prive les sélectionneurs d’un moment important pour non seulement visiter les lieux où nous jouerons, mais également échanger avec nos collègues pour planifier des matchs amicaux juste avant la Can ».
Dans ces circonstances, la majorité des sélections qualifiées seront donc représentées par des dirigeants de fédération ou des coordinateurs sportifs.
Plusieurs acteurs du football africain ont tenté d’alerter la Caf sur ce choix de calendrier pour le moins hasardeux, mais sans parvenir à infléchir sa décision.
La cérémonie d’Abidjan leur permettra peut-être d’obtenir quelques éclaircissements de la part d’une instance qui n’a ici brillé ni par sa clairvoyance, ni par sa maîtrise du calendrier.