Côte d’Ivoire : Nommé Premier ministre, qui est réellement Robert Beugré Mambé… 

Sa nomination a pris de court tous ceux qui, lorsqu’ils ont appris qu’Alassane Ouattara mettait fin aux fonctions de Patrick Achi et de son gouvernement, début octobre 2023, ont pensé que le Premier ministre serait logiquement reconduit dans ses fonctions et, ils étaient nombreux à le penser.

Mais, le sortant a finalement été évincé au profit de Robert Beugré Mambé et, à en croire ses proches, le gouverneur du district autonome d’Abidjan, croyant méthodiste (Ndlr : l’église qu’il fréquente) convaincu, en a été le premier surpris.

Si la séquence en dit long sur la distance qui avait fini par s’installer entre Patrick Achi et le chef de l’État, elle place surtout sur le devant de la scène un homme qui, quoique discret, est un poids lourd de la majorité présidentielle. En voici quelques facettes de cet homme que les Ivoiriens apprécieront à l’avenir son acharnement au travail.

1.    Ingénieur de formation

 Né le 1ᵉʳ janvier 1952 à Abiaté, à quelques dizaines de kilomètres d’Abidjan, Robert Beugré Mambé obtient un baccalauréat en mathématiques et techniques en 1971. Il suit ensuite une formation d’ingénieur en travaux publics. En 1977, il est diplômé du Centre des hautes études de la construction de Paris, une école de référence. 

2 . Beugré Mambé a travaillé aux Grands travaux

 Diplôme en poche, Beugré Mambé rejoint le Bureau central des études techniques (Ndlr : l’actuel Bnetd, Bureau national d'études techniques et de développement) en tant que chef de département des grandes infrastructures, poste qu’il conservera jusqu’en 1981.

Il y est, entre autres, chargé de la conception et de la réalisation de ponts, de grandes voiries et d’ouvrages d’assainissement à travers le pays.

Il intervient notamment dans la conception du boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing à Abidjan, renommé ensuite boulevard Félix-Houphouët-Boigny.

3. Administrateur dans l’âme

Le nouveau Premier ministre connaît bien l’administration ivoirienne pour y avoir évolué pendant plus d’une dizaine d’années. Il a enchaîné les postes de directeur de cabinet et de conseiller technique dans différents ministères. 

4. Consultant international

Il devient consultant pour la Banque mondiale et la Banque africaine de développement sur des projets impliquant des collectivités territoriales en Côte d’Ivoire et en Afrique centrale. Il coordonne notamment celui de l’institution de Bretton Woods portant sur la nouvelle politique de l’habitat en Côte d’Ivoire à la fin des années 1990. 

5. Ex-président de la Commission nationale indépendante (Cei) 

En 2005, il est porté à la tête de la Commission électorale indépendante (Cei). Soupçonné par Laurent Gbagbo d’être proche de l’opposition, il fait face à d’énormes pressions pour démissionner.

Finalement, Gbagbo annonce la dissolution de la Cei le 12 février 2010, l’accusant d’avoir « mené une opération illégale, visant à obtenir l’inscription frauduleuse de 429 030 personnes sur la liste électorale », a rapporté le confrère de Jeune Afrique.

Le premier tour de la présidentielle a lieu le 31 octobre de la même année. Beugré Mambé, lui, l’assure : le dispositif électoral était prêt à 95 % au moment de son départ de la Cei.

6. Gouverneur du District autonome Abidjan, depuis 2011

 Lorsque Alassane Ouattara arrive au pouvoir, en 2011, il le fait gouverneur du district autonome d’Abidjan. Beugré Mambé se donne alors pour objectif de redorer le blason de la capitale économique et lance d’importants travaux de voirie et d’assainissement.

Mais, la concentration de la population étant très importante, ces deux points demeurent des sujets de préoccupation majeure.

En 2017, Ouattara avait fait appel à lui pour superviser l’organisation des Jeux de la francophonie en le nommant ministre chargé du dossier. À quelques mois de la Coupe d’Afrique des nations (Can), le Premier ministre conserve le portefeuille des Sports et du Cadre de vie.

 7. Issu du rang du Pdci-Rda… 

Issu des rangs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), le nouveau chef du gouvernement est un élu local depuis une trentaine d’années.

Décrit comme rigoureux et discret par ses proches, il s’est mis en retrait de la scène politique après la disparition de son épouse, en 2021.

Et a fait son grand retour lors des élections municipales du 2 septembre en faisant gagner la liste Rhdp qu’il conduisait à Songon, commune dont il est aussi le député.

 8. … au Rhdp au pouvoir

En 2018, après la séparation entre son parti et le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), il fait le choix de rester aux côtés d’Alassane Ouattara.

Au sein de la formation présidentielle, Beugré Mambé occupe désormais une place clé.

En tant que vice-président du directoire, il en est la troisième personnalité avec Kandia Camara, autre vice-présidente, désormais à la tête du Sénat, et derrière Gilbert Koné Kafana, président du directoire et haut représentant du président de la République.

9. Une foi de Méthodiste 

La foi occupe une place importante dans la vie de Robert Beugré Mambé, qui est fils de pasteur. Dans son premier discours en tant que chef du gouvernement, ce prédicateur de l’Église méthodiste unie de Côte d’Ivoire a demandé à Dieu de lui accorder « la foi d’Abraham […], le courage et la proximité de David avec tout ce qui est divin, […] la sagesse et l’intelligence de Salomon, […] l’humilité, la pugnacité et la rigueur de Joseph auprès du pharaon ». 

10. De l’ethnie Atchan 

Beugré Mambé est issu de la communauté Atchan, communément appelée « les Ébriés » . Considérés comme étant les populations autochtones d’Abidjan, ils ont cédé leurs terres au fur et à mesure que la capitale économique grandissait. En tant que gouverneur, il avait initié différents projets en leur faveur.

Sa nomination a été perçue par certains comme une main tendue du président, originaire du Nord, à cette communauté influente du Sud.