Une agitatrice qui vit de buzz, d’outrances verbales et de coups d’éclat. Sofia Benlemanne, la Franco-Algérienne qui a tenu des propos désobligeants envers les Ivoiriens dans une vidéo postée le 14 janvier, est sur le point d’être expulsée par les autorités ivoiriennes.
Dans l’après-midi du 16 janvier, alors que ses propos continuent de susciter colère et indignation aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Algérie, la youtubeuse a été arrêtée à Bouaké par des agents du Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo), avant d’être transférée à Abidjan pour être entendue par des éléments de la Direction de la surveillance du territoire (Dst). Au cours de son audition, l’agitatrice de 54 ans a reconnu les faits et affirmé les assumer.
L’ambassade d’Algérie à Abidjan, où on ne connaît visiblement ni ses agissements ni son pedigree, a été informée de son interpellation et de sa prochaine expulsion vers l’Algérie, d’où elle est arrivée le 14 janvier avec un groupe de supporters algériens.
« Elle sera expulsée dans le prochain vol », précise une source au sein du gouvernement ivoirien.
Selon nos informations, l’ambassadeur algérien, Idriss Boudissa, s’est entretenu avec un responsable des services de renseignement ivoiriens. Les Algériens auraient recommandé l’interpellation de la youtubeuse pour éviter des troubles à l’ordre public.
« L’ère préhistorique »
Peu de temps après avoir débarqué à Bouaké, Sofia Benlemanne a posté une vidéo dans laquelle elle se filmait devant la gare de la ville, tenant des propos vulgaires et outranciers sur les prétendues misère et saleté du pays organisateur de la Can Côte d’Ivoire 2023.
« Il faut que les Algériens sachent comment ils vivent ici, dit-elle. Nous remercions Dieu d’avoir un pays comme l’Algérie. Normalement, l’Algérie doit se situer entre le Portugal et l’Espagne. Parce qu’ici, ils vivent la misère. C’est peu dire qu’ils vivent à l’ère préhistorique. Si j’avais un petit pouvoir, j’enverrais les Algériens voir comment ils vivent en Côte d’Ivoire. »
Ancienne joueuse de football dans un club de Lyon, Sofia Benlemanne est coutumière des coups d’éclat et des déclarations provocatrices sur les réseaux sociaux, qu’elle alimente régulièrement avec des vidéos.
Arrivée en France en 1990 avec ses parents, titulaire d’un certificat de capacité de l’Université de Lyon-2, elle a travaillé comme chef d’agence dans une entreprise de télécoms tout en s’adonnant à sa passion, le football.
Condamnée en 2011
Elle défraie la chronique une première fois le 6 octobre 2001, lors du fameux match opposant l’équipe algérienne emmenée par un certain Djamel Belmadi et l’équipe de France de Zidane, au Stade de France.
À la 76e minute de la rencontre, alors que les Bleus mènent par 4 buts à 1, Sofia Benlemanne fait irruption sur la pelouse en brandissant un drapeau algérien.
Le terrain est alors envahi par des supporters, provoquant l’interruption du match.
La rencontre qui devait sceller la réconciliation entre Algériens et Français tourne au fiasco.
Jugée en novembre 2011 avec seize autres personnes devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour « entrée sur une aire de jeu troublant le déroulement d’une compétition sportive », Sofia Benlemanne est condamnée à sept mois de prison avec sursis, à une amende de 1 524 euros et à trois ans d’interdiction de stade.
Pour sa défense, elle explique avoir perdu le sens de la raison. Elle échappe à l’interdiction pure et simple de stade réclamée par le premier substitut.
Une certaine gloire
Loin de la calmer, cet épisode la propulse sur le devant de la scène et l’auréole d’une certaine gloire. Supportrice acharnée des Verts, elle écumera les stades avant que l’irruption des réseaux sociaux ne lui offre l’opportunité de se faire connaître (son compte Facebook est suivi par 360 000 personnes).
Langage ordurier, propos diffamatoires… celle qui se fait filmer avec un drapeau algérien et le maillot des Fennecs cumule vidéos provoquantes et dérapages, qui sont pourtant susceptibles de poursuites judiciaires. Politique, sport, football, faits de société, la dame a un avis sur tout, l’essentiel étant de l’exprimer avec outrance, vulgarité et insolence.
En décembre 2019, elle se met en scène sur YouTube demandant le divorce d’avec son mari, chanteur de musique raï, parce qu’elle lui reproche d’avoir voté pour le président Abdelmadjid Tebboune lors des élections du 12 décembre.
Quelques jours auparavant, elle avait agressé une équipe de la télévision algérienne dépêchée à Lyon pour couvrir ces élections. Quelques mois plus tard, celle qui se dit militante du Hirak récidive toujours sur le même réseau en s’attaquant cette fois-ci à Tebboune lui-même qu’elle qualifie de « chien », de « bâtard », de « vendu » et de suppôt de la France.
Samuel Eto’o insulté
Nouveau coup d’éclat en novembre 2022, cette fois en Gambie où elle se fait arrêter alors qu’elle tente de s’approcher du siège de la fédération de football, à la recherche de Bakary Gassama, l’arbitre du fameux match AlgérieCameroun.
Sans avancer le début d’un commencement de preuve, elle assure que Gassama a été corrompu par les Camerounais pour éliminer les Verts. Elle s’en tire à bon compte, sans que les autorités gambiennes n’engagent de poursuites contre elle.
La Coupe du monde au Qatar lui offre une nouvelle opportunité de se mettre en scène.
Sa cible ? Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise du football.
La youtubeuse qui aime le scandale ne digère pas l’élimination de l’Algérie du mondial après sa défaite contre le Cameroun en mars 2022.
Toujours vulgaire, toujours bravache, elle défie Eto’o en duel. « Je vais te casser les dents, éructe-t-elle.
Tu n’es qu’un fils de p… » Le dernier épisode ivoirien et son expulsion imminente vers Alger seront-ils de nature à tempérer cette récidiviste ? Pas si sûr.