Le siège de la Bce va abriter l'importante rencontre pour des décisions très attendues...(Ph: Dr).
Hausse surprise de l'inflation à 7% dans la zone euro, en avril, après 6,9%, en mars. C'est bien la progression des prix alimentaires qui reste le moteur de cette hausse. Pas de répit pour la Banque centrale européenne (Bce) qui devrait décider de poursuivre sa hausse de taux d'intérêt, lors de sa réunion de ce jeudi 4 mai à Francfort, en terres allemandes.
Après cinq reculs d'affilée, l'inflation est repartie légèrement à la hausse pour atteindre 7% en avril dans la zone euro. Une mauvaise nouvelle qui devrait inciter la Banque centrale européenne à poursuivre ses hausses de taux d'intérêt. En relevant les taux, les banquiers centraux réduisent la demande de crédit et donc l'investissement et la consommation des ménages comme des entreprises. Au risque de freiner la croissance de l'économie européenne, estime Charles-Henri Colombier, économiste et directeur de la conjoncture de l'Institut d'études économiques Rexecode : «La dernière enquête de la Bce auprès des banques a mis en évidence un durcissement des conditions du crédit bancaire, et surtout une forte chute de la demande de crédits dans la zone euro… ».
La dernière enquête de la Bce auprès des banques a mis en évidence un durcissement des conditions du crédit bancaire, et surtout une forte chute de la demande de crédits dans la zone euro…
Et d’ajouter : La demande de crédits provenant des ménages pour l’habitat provoque déjà un début de baisse des prix immobiliers, mais la forte baisse de la demande de crédits qui provient des entreprises-c ’est la plus forte relevée depuis 2008-est en revanche une nouveauté. Et elle laisse anticiper un affaiblissement de l’investissement productif qui continuait de soutenir l’activité en Europe. C’est en fait ce point précis qui devrait conforter la Bce dans l’idée que ces hausses de taux ont bel et bien un effet de freinage sur l’activité, et qui devrait limiter l’ampleur et la vitesse des prochaines hausses de taux. Et donc, une hausse de 0,25 % et non pas de 0,5 % nous paraît probable».
Cinq points seront débattus en Allemagne
Avec l’apaisement des craintes pour le secteur bancaire, les “faucons” de l’institution pourraient réclamer une hausse de taux importante. Les chiffres de l’inflation et du crédit bancaire attendus pourraient faire évoluer les débats. « La grande question est de savoir si la hausse de taux sera de 25 ou 50 points de base », a déclaré Gareth Hill, gestionnaire de fonds chez Royal London Asset Management. « Tout compte fait, à ce stade, je penche plutôt pour 25 ». Pour les investisseurs, la réunion de jeudi suscite cinq questions clés : Dans quelle proportion la Bce relèvera-t-elle ses taux ? Quand est-ce que la Bce cessera le resserrement monétaire ? A quel point l’inflation de base est-elle rigide ? Qu’en est-il des pressions salariales ? Quel est l’impact des turbulences bancaires sur les conditions de financement ? Il est peut-être trop tôt pour évaluer l’impact total de la crise bancaire de mars sur les conditions de financement mais les données mardi sur l’accès des entreprises au crédit devraient apporter quelques éléments de réponse. Les analystes pensent que les turbulences dans le secteur, qui ont fait reculer de 14% l’indice européen des banques le mois dernier, ont davantage durci les conditions d’obtention de prêts. “Après les développements dans les systèmes bancaires américain et suisse, nous avons réduit notre prévision du taux de dépôt terminal de 25 points de base à 3,75%. Nous nous attendons à ce que les bureaux de prêts des banques deviennent plus réfractaires au risque”, a déclaré Silvia Ardagna, économiste chez Barclays. Elle estime que la probabilité d’une hausse de taux de 50 points de base en mai est “très faible” compte tenu de la modération de la croissance économique et de l’inflation.
André Lepro