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Culture : La société des hommes Panthère en pays wê

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Cote d'ivoire : le masque Penthere en pays wê
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La société des hommes-panthère semble être apparu assez récemment, probablement vers la fin du XIXe siècle, chez les Wê du Nord (wobé) et son influence tend à se développer depuis quelques années. Selon les initiés, le village de Siambly l'a reçu initialement du village de Gaman qui appartient au peuple voisin.

La violence de la panthère est donc conçue comme fondamentalement étrangère à la civilisation Wê puisque d'origine animale et étrangère. A partir de la Maison des Panthères de Siambly, la fraternité a essaimé vers de nombreux villages du pays wobé puis a franchi le fleuve Sassandra et s'est répandu chez deux petits peuples voisins et étroitement apparentés aux Wê, les Niaboua et les Niédéboua. Par contre, il ne semble pas y avoir d'hommes-panthère chez les Wé du Sud (Guéré) ou du Sud-Ouest (Khran). A l'heure actuelle, la fraternité des tchipagnons est implanté dans environ la moitié des villages wobés, les deux tiers des villages niaboua et tous les villages niédéboua.

L'initiation Taman.


Les candidats à l'initiation sont sélectionnés lors d'un entretien préalable avec le Maître de la Maison de la Panthère qui sonde leurs motivations et leur aptitude à rentrer dans la confrérie. Les novices versent une contribution (un coq, un chien, des pagnes Kita, un habit Flae et des noix de colas) et sont ensuite initiés au premier degré de la confrérie qui est appelé "Taan", ce qui signifie "apparaître".

Cette étape dure une seule journée au cours de laquelle le nouvel initié subit l'agression d'un homme-panthère qui le frappe violemment par surprise avant de lui griffer le dos. Le Maître de la Maison de la Panthère dispense ensuite les premiers enseignements thérapeutiques sur les plantes médicinales ainsi que les codes et règlement de la confrérie. Les novices doivent ensuite jurer de respecter le secret concernant tout ce qu'ils ont appris tout en absorbant un liquide initiatique très amer. S'il subit cette étape avec bravoure, l'initié sera autorisé à poursuivre son initiation pour devenir un authentique homme-panthère. Il peut également choisir de s'arrêter au premier degré et de rester, en quelque sorte, un sympathisant du groupe.

L'initiation Srou pa 

L'initiation proprement dite, celle qui permet de s'identifier à l'esprit de la panthère, est appelée initiation Srou pa, ce qui peut se traduire par "entrer dans le fétiche" ou "entrer dans le médicament" Les novices effectuent leur initiation Srou pa dans des camps en forêt pendant 6,7 ou 12 mois selon les régions.

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 Pendant cette période, ils subissent une série d'épreuves physiques et psychologiques destinées à les endurcir : passages à tabac, scarifications en forme de griffe de panthère, têtes rasées, bivouac au milieu des ordures et des excréments, corps peints, sauts d'obstacle, course à pied, privation de sommeil et de nourriture. L'arbitraire des initiateurs doit être subit sans protestations pour apprendre l'obéissance et la ténacité. Cette souffrance vécue en commun permet également de souder le groupe et de lui donner un sentiment de supériorité sur ceux qui ne l'ont pas subi. Les novices s'entraînent aux techniques de combat au couteau, à la lance et à l'arc.

Ils simulent des embuscades et des poursuites dans la jungle. A certains égards, l'initiation n'est donc pas très différente des techniques utilisées à toutes les époques pour former des combattants d'élite (janissaires, légionnaires français, marines américains...).

Dans le même temps, un enseignement magico-médical leur est donné pour soigner et combattre en utilisant les ressources de l'environnement (plantes médicinales, anti-venin, poisons, filtre de séduction, filtre de vérité, plantes irritantes utilisées pour le combat).

Fête de fin de l'initiation et année sabbatique

L'initiation se termine par une grande fête publique qui dure deux jours. Les nouveaux initiés assurent le spectacle et les jeunes filles leur répondent. La sensualité de leurs danses et les jeux de séductions qui accompagnent la cérémonie communiquent une excitation sexuelle qui se libère à la nuit venue.

L'année qui suit l'initiation est consacrée exclusivement à l'approfondissement des pratiques magiques et à la séduction. Les initiés parcourent les lieux de rassemblements de la région (marchés, match de foot...) pour rencontrer des jeunes femmes avec lesquelles ils font l'amour par pur plaisir et sans perspective de mariage. Ces unions avec un tchipagnon de l'année sont considérées comme éphémères et sans conséquences, c'est-à-dire sans obligation de mariage. Leur pouvoir de séduction est supposé à son zénith, même pour les hommes très laids. Ceux qui échouent sont des hommes-panthères ratés. Il leur arrive fréquemment d'exercer leurs talents sur des femmes mariées et le mari qui proteste risque des représailles. C'est évidemment le nœud d'un conflit avec les chrétiens protestants intégristes qui s'opposent parfois très violemment avec les tchipagnons. 

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