Présent jeudi à Paris, Jean-Michel Aulas, vice-président de la Fff et numéro 2 au sein de l’instance en charge du football féminin, a traité, avec le président Philippe Diallo l’étonnante demande de la Côte d’ivoire, désireuse de se faire « prêter » Hervé Renard le sélectionneur des Bleues, pour achever la Can en remplacement de Jean-Louis Gasset.
Surpris par cette requête, les deux dirigeants fédéraux ont vite réagi et ouvert la porte à cette option. « Il y a eu un échange entre Philippe (Diallo) moi-même et bien sûr Hervé (Renard). Avec Philippe, on a décidé d’interroger les joueuses de l’équipe de France pour savoir si cela pouvait être de nature à les faire douter, à les gêner Ce n’était pas le cas Personnellement, j’ai une grande confiance en Hervé, explique Aulas.Ce qu’il m’a dit du moment où il était demandeur, c’était plutôt positif de trouver des solutions qui ne pénalisent pas l’équipe de France. Notre réflexion était de donner satisfaction à Hervé, que l’on apprécie et qui fait un travail fantastique de repositionnement du football féminin. J’ai même appelé des agents de joueuses pour être sûr que leurs réponses n’étaient pas uniquement spontanées. Il n’y a pas eu de remarque négative ».
Dès lors, une négociation s’est engagée « Il y a eu une discussion entre Philippe et la Fédération de Côte d’Ivoire, qu’il connaît bien, détaille Aulas. On pensait qu’il fallait qu’il y ait quand même quelque chose pour la mise à disposition d’une durée maximum de dix jours. Et là, les deux présidents ne se sont pas mis d’accord. »
Une compensation financière était demandée
Sur les conditions financières d’un tel prêt et sa présentation au public « Une compensation financière était demandée à la Côte d’Ivoire, poursut l’ancien président de l’Ol Je n’ai pas participé à la négociation menée par Philippe, et je lui fais totalement confiance. Il fallait se mettre d’accord sur la prestation, sur l’indemnisation, et aussi ce que l’on en disait si nous nous mettions d’accord.
« Je n’ai pas pensé que cela pouvait pénaliser en termes d’image le football féminin. Si je l’avais pensé, je ne l’aurais pas fait ». Autant dire qu’il s’en est fallu d’un rien pour que Renard retrouve les Éléphants, avec qu il a gagné la Can en 2015 en cette fn de semaine. Car Aulas et Diallo n’ont pas été fermés, après avor eu une réaction négative au départ.
« Spontanément, j’ai craint que de “prêter” le sélectionneur à un autre pays donne une étrange image, reconnaît Aulas. Et puis une fois que j’ai réfléchi, j’ai pris le problème à l’envers. Je me suis dit que c’était incroyable qu’une grande nation de football comme la Côte d’Ivoire puisse aller chercher un entraîneur d’une équipe féminine. Cela veut dire qu’ils se rendent compte qu’aujourd’hui le football féminin est à un niveau très élevé. Cela valorisait totalement les choix que l’on avait faits, confirmant qu’Hervé est un très grand entraîneur. Donc, je n’ai pas pensé que cela pouvait pénaliser en termes d’image le football féminin. Si je l’avais pensé, je ne l’aurais pas fait. Mais je conçois que certains, habitués à ce que le foot féminin passe après, aient pu imaginer que ce n’était pas une bonne chose. En fait, c’était très valorisant pour Hervé et pour nous. »
Pour emporter le morceau les Ivoiriens ont même mis dans la balance les relations diplomatiques entre les deux nations.
« Le président de la Fédération de Côte d’Ivoire nous a aussi dit que le président de son pays (Alassane Ouattara), qui était à Paris mercredi, allait en parler au président Macron, révèle Aulas. On ne pouvait pas, du jour au lendemain, répondre non sans prendre d’abord le sujet dans son ensemble. On a instruit le dossier de la façon la plus objective possible Mais finalement, le président Macron ne nous a pas appelés. Il était en Inde. ».
Renard, lu est donc resté en France après une histoire rocambolesque qui pourrait laisser des traces. Même si Aulas est serein : « On a vraiment tout fait pour donner satisfaction au football féminin et à Hervé Renard. Je l’ai eu longuement hier (jeud), je n’ai pas l’impression qu’il soit affecté Je suis sûr que cela ne laissera pas de traces entre la Fédération et lui». Un sélectionneur en fin de contrat, fin août, après les Jeux Olympiques.
« On lui a demandé de faire la Coupe du monde, la Ligue des nations et les Jeux C’est ce sur quoi on s’est entendus contractuellement. Si on gagne les Jo, on rediscutera. Je ne veux pas trop précipiter les discussions ».