Contrairement aux continents asiatique, américain et européen où l’homosexualité est décrite, évoquée, pratiquée en toute liberté, l’Afrique pour des raisons religieuse, morale ou traditionnelle reste en marge.
En effet, de nombreux pays africains jusque-là restent muets sur le sujet, et encouragent par moment des mouvements radicaux de lutte contre l’homosexualité. « L’homosexualité n’est pas africaine » est ce que l’on entend le plus. Cette initiative est donc un pas en avant pour la communauté LGBT africaine.
Plusieurs personnes ont décliné l’offre par peur
« On a réalisé que les magazines, ici en Afrique, ne traitaient pas des questions de la communauté, et même quand les sujets sont traités, on sent une exclusion, donc on voulait contrôler notre narratif, avec ce magazine, on espère changer les mentalités, faire comprendre aux gens qu’on est là, on a toujours été là et qu’on fait partie des personnes qui font bouger le système », explique Emmanuel Niamien membre de l’ONG Gromo.
La revue contient une quarantaine de pages qu'il a été difficile de remplir, car plusieurs personnes ont décliné l’offre d’y afficher leurs visages et leurs noms, par peur des représailles.
Certains pays condamnent sévèrement les relations entre personnes de même sexe, notamment les pays du Nord du continent. « On voulait présenter l’équipe du magazine (…) pour dire, voici ceux qui ont contribué, mais on a abandonné cette idée parce que certains avaient peur, certains ont voulu rester dans l’anonymat à cause du contexte sécuritaire », a déclaré Brice Dibahi, fondateur de l’ONG Gromo, lors de la troisième édition du festival Awawale, qui célèbre la communauté LGBT+ d'Abidjan.
70 % des personnes LGBT+ seraient en chômage en Côte d’Ivoire
Selon un sondage réalisé en 2021 par l’ONG Gromo et relayé dans un rapport du Conseil général aux réfugiés et aux apatrides, un organisme belge chargé de protéger et d'accompagner administrativement les personnes persécutées dans leur pays, 70 % des personnes LGBT+ seraient en chômage en Côte d’Ivoire. Selon l'Institut national de la statistique, le taux de chômage au plan national était de 21,3 % en 2019. Une estimation confirmée par Marius Achi, économiste à Bloomfield.
Sur le continent africain, seul, l'Afrique du Sud a autorisé le mariage entre personnes de même sexe, en 2006.Certains États exposent les homosexuels à de lourdes peines d'emprisonnement, allant de 20 à 30 ans voire même à vie, comme la Tanzanie ou l'Ouganda.
Par contre, L’homosexualité n'est pas pénalisée dans une partie de la zone francophone de l'Afrique, à savoir en Côte d’Ivoire, au Niger, au Burkina Faso, au Bénin, au Mali, en Guinée équatoriale, au Gabon, en Centrafrique, en RDC et en République du Congo.