Société

Saison des pluies : Les habitants des quartiers précaires de nouveau menacés

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Le quartier Banco 1 dans la commune de Yopougon pendant la saison pluvieuse
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Les fortes pluies qui frappent la Côte d’Ivoire, provoquent le plus souvent de nombreux dégâts dans le pays. La capitale économique ivoirienne, Abidjan, en paie le fort prix. Effondrement de bâtiment, glissement de terrain, inondation sont les maux de la capitale économique ivoirienne en saison pluvieuse.

La ville d’Abidjan est la plus peuplée de la Côte d’Ivoire, avec ses 13 communes, 357 quartiers et environ 5 millions d’habitants dont plus d’un cinquième vivent dans les quartiers précaires.

La capitale économique se voit, malheureusement, pendant la saison des pluies, confrontée à un désastre dans ses communes, surtout dans les quartiers précaires. En 2022, des centaines de sapeurs-pompiers, soutenus par des soldats, ont été mobilisés dans de nombreux quartiers de la capitale économique ivoirienne touchés par l’intense saison des pluies. Ainsi, selon les statistiques de l’Office national de la Protection civile (ONPC), la saison des pluies à la même période a enregistré 25 décès et plus de 350 événements signalés : dont 10 effondrements, 3 cas d’éboulements, 04 glissements de terrains, 9 cas d’inondation d’habitation, 5 cas de destruction d’infrastructure, 65 cas inondations de voirie, 100 cas de montée des eaux et plus d’une centaine de destruction de biens.

Suite à cette situation, nous nous sommes rendu dans quelques bidonville afin de savoir comment ses habitants vivent la nouvelle saison pluvieuse qui a débuté en mai 2023. Dans le cadre de notre enquête, nous sommes allées à Gbinta et à Gesco (des quartiers de la commune de Yopougon).

 

L’insécurité, le quotidien des populations des quartiers précaires

À notre arrivée, dans la zone de Gbinta, nous sommes tout de suite attirés par un gros trou ouvert de part et d’autre de la voie principale. D’un côté, nous avons le marché et de l’autre les habitations. L’entrée du quartier est carrément bloquée par les vendeurs ambulants. À peine avons-nous franchi l’entrée du quartier que nous sommes tout de suite attirée par la précarité de vie des habitants et le danger qu’ils encourent à longueur de journée. À Gbinta, vous trouverez des habitats sur des terrains glissants, des logements construits à moins d’un mètre des gros trous et tout cela avec des enfants qui y vivent. Après quelques minutes passées, madame M.N, couturière et habitante du quartier veut bien s’ouvrir à nous.

« Quand il pleut, ce n’est même pas la noyade qui nous fait le plus peur. Vous voyez comment les fils de courant sont entremêlés, c’est ce qui nous fait peur. On a déjà eu un décès par électrocution pendant la saison des pluies. Quand il pleut, l’eau coule dans les maisons donc quand on ne surveille pas les enfants un malheur peut facilement se produire », a-t-elle déploré.

Elle a également ajouté que chaque fin de pluie dans son quartier est comme une résurrection.

« On a tous peur quand il pleut, moi-même, j’ai deux filles et quand il pleut, j’ai peur pour moi et mes enfants, je suis parfois à l’atelier quand il pleut, dans ce cas, j’ai peur pour mes enfants qui sont à la maison, j’ai peur de rentrer à la maison et les trouver noyés ou emportés par l’eau », relate la dame d’une voix tremblante.

Nous finissons notre tournée à la Gesco, un autre bidonville de la commune de Yopougon.
Ici, ce sont les flaques d’eau usée et les creux qui nous accueillent. Les habitants de Gesco, n’ont pas manqué de montrer leur déception face aux projets de déguerpissement soutenu par l’état ivoirien.

L’Etat va casser le quartier et on est déjà informé donc on va partir tout ce qui m’inquiète, c’est ce que vont devenir les personnes âgées. Nous sommes jeunes et on peut se débrouiller. Mais les vieilles personnes à qui on demande de quitter leurs maisons, qu’est ce qu’ils vont faire ? Où vont-elles aller ? Que vont devenir les enfants ? Après, quand les plus jeunes vont errer dans la rue et se livrer au banditisme, c’est pour dire qu’il y a trop d’insécurité dans le pays. Mais c’est comme ça que ça commence », a déploré Aboubakar tout déprimé.

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Une inquiétude partagée par tous les habitants des quartiers précaires. La vraie question qui se pose aujourd’hui, selon les dires de ces personnes, c’est la relocalisation. L’Etat, l’a-t-il prévu ? Un autre, leur sera-t-il trouvé ? Ce sont les vraies questions auxquelles ces derniers attendent des réponses.

 

 

 

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