L'ancien ténor du barreau est soupçonné d'avoir profité de sa fonction de ministre pour régler ses comptes avec quatre magistrats avec qui il avait eu des différends quand il était avocat, en lançant contre eux des enquêtes administratives. Éric Dupond-Moretti clame son innocence. Mais pour l'accusation, cela ne fait aucun doute, il est coupable.
Une conflit d'intérêts inéluctable
Le conflit d'intérêt sautait aux yeux » et Éric Dupond-Moretti a reçu de multiples alertes qu'il a « méprisées », gronde le procureur général.
Face à « cette réalité têtue », insiste l'accusation, le ministre n'a à opposer aujourd'hui que des « rideaux de fumées », des « fables », « teintées de complotisme », comme quand il prétend être victime d'une vengeance de magistrats qui n'auraient jamais accepté sa nomination fait savoir RFI.
Alors certes, un autre garde des Sceaux aurait peut-être - lui aussi - lancé ces enquêtes administratives. Mais le problème, « c'est vous, monsieur Dupond-Moretti... Vous n'êtes pas n'importe quel ministre ». « Et puis vous êtes un avocat pénaliste », pointe le procureur général qui lui demande de prendre ses responsabilités.
Dire qu'on n'a fait que suivre les recommandations de son administration, « c'est une dérobade ». « Un ministre dirige ses services... Pas l'inverse »... Et surtout, il « assume », souligne l'accusation.
Vous n'êtes pas n'importe quel ministre et puis vous êtes un avocat pénaliste
« Une fois ce procès passé, il nous faudra continuer à travailler ensemble », dit encore le procureur général. Mais quelle que soit son issue et malgré le sursis requis, on se demande bien comment ce sera possible