L'arrestation d'Ousmane Sonko a eu lieu en fin d'après-midi. L'opposant sénégalais a été interpellé vendredi 28 juillet à son domicile. Dans la soirée, le procureur a affirmé que "depuis un certain temps", des "actes, déclarations, écrits, images, et manœuvres" de la part de l'opposant étaient "constitutifs de faits pénalement répréhensibles".
Il a également avancé qu'Ousmane Sonko avait "volé avec violence le téléphone portable d'une femme gendarme" et avait "aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt".
Avant son arrestation, dans l'après-midi, Ousmane Sonko avait déclaré sur les réseaux sociaux que les forces de sécurité présentes devant son domicile l'avaient filmé.
Il a précisé avoir "personnellement arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d'effacer les images qu'elle a prises", ce que cette dernière a refusé de faire. "Je demande au peuple de se tenir prêt pour faire face à ces abus sans fin", a-t-il conclu dans son message.
Le procureur a ouvert une enquête pour "divers chefs de délits et crimes". L'un des avocats d'Ousmane Sonko, Cheikh Koureyssi Ba, a précisé que son client était "gardé à vue pour vol de téléphone et appel à l'insurrection". Le parti de l'opposant, Pastef-Les Patriotes, a estimé que son président avait été arrêté "brutalement" et a demandé sa "libération immédiate".
Condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme
Ousmane Sonko a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l'état, selon ses avocats et des juristes.
Sa condamnation a engendré, début juin, les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts d'après les autorités et une trentaine selon l'opposition.
Le porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana, avait déclaré récemment que la décision d'arrêter ou non l'opposant revenait au procureur de la République.
L'opposant, investi candidat à la prochaine présidentielle par son parti, a par ailleurs été condamné, le 8 mai, à six mois de prison avec sursis, lors d'un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour l'élection.
Mais il n'a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.