Économie

Afrique : Le Ghana, l'élève modèle devenu un cancre de la dette

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Des magasins gardent portes closes pour protester contre la hausse du coût de la vie à Accra, le 20 octobre 2022. (Ph : Dr).
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Loué pour sa stabilité et sa bonne gouvernance, le Ghana voit sa trajectoire économique dévisser depuis le double choc du Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Pour sauver Accra du défaut de paiement, le Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé mercredi un prêt de trois milliards de dollars en échange de mesures d'austérité. 

Pays de l’Afrique de l’Ouest, le Ghana s'offre un peu d'oxygène. Le Fmi (Fonds monétaire international) a approuvé mercredi 17 mai un prêt de trois milliards de dollars, étalés sur trois ans, pour remettre à flot ce pays d'Afrique de l'ouest qui traverse sa pire crise économique depuis des décennies. Il vise au « rétablissement de la stabilité macroéconomique et de la viabilité de la dette, ainsi qu'à la mise en œuvre de réformes de grande envergure pour renforcer la résilience et jeter les bases d'une croissance plus forte et plus inclusive », a commenté la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, citée dans un communiqué du Fm. Le pays devrait bénéficier d'un premier décaissement immédiat d'environ 600 millions de dollars. L'accord marque l'aboutissement d'un cycle de négociations entamé en décembre 2022, lorsque le Ghana s'est déclaré en défaut de paiement, incapable de rembourser ses dettes. L'approbation du Fmi était loin d'être gagnée mais la promesse de ses créanciers, emmenés par la France et la Chine, d'une restructuration de sa dette pourrait avoir débloqué la situation.

La fin du ‘’Ghana sans aides’’

Avec une dette de 300 mille milliards de francs Cfa, représentant 105 pour cent de son Pib (Produit intérieur brut), le Ghana est l’un des pays les plus endettés de l’Afrique, selon la Banque mondiale. « On se focalise beaucoup sur la dette extérieure vis-à-vis des créanciers internationaux mais il ne faut pas oublier que l'essentiel de la dette publique du Ghana est une dette intérieure détenue par les banques commerciales du pays », a précisé Marc Raffinot, maître de conférences émérite à l’université Paris Dauphine et spécialiste du développement.

Avec l'aide du Fmi, le Ghana espère sortir de l'enfer de la dette et reconquérir la confiance des marchés et des investisseurs.

Cependant, ce soutien international représente dans le même temps un crève-cœur pour le président Nana Akufo-Ado et l'opinion publique. Ce dernier a bâti une grande partie de sa popularité sur le slogan ‘’le Ghana sans aide’’, symbole de l'indépendance économique du Ghana vis-à-vis des pays riches. En 2019, le président avait notamment mis un terme à l’accord signé avec le FMI par son prédécesseur, John Dramani Mahama, qui prévoyait un prêt d'un milliard de dollars, en échange d'un plan d'austérité. Une étape qui devait marquer une nouvelle ère d'émancipation pour le Ghana.

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Mais cinq ans plus tard, le gouvernement est contraint de revenir frapper à la porte de l'institution de Washington avec à la clé de nouvelles mesures d'austérité. Après avoir relevé la Tva (Taxe sur la valeur ajoutée)  de 2,5 pour cent, gelé les embauches dans la fonction publique, réduit le train de vie de l'État, le gouvernement s'est engagé à augmenter les impôts. Et d'autres réformes douloureuses devraient suivre.

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